La Tunisie doit répondre aux inquiétudes concernant son système démocratique avant de pouvoir prétendre à une aide économique internationale dont elle a cruellement besoin, a affirmé jeudi le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken. Le chef de la diplomatie américaine, qui s'exprimait devant une commission de la Chambre des représentants, s'est dit préoccupé par la prise des pleins pouvoirs du président tunisien Kais Saied et a estimé que la Tunisie devrait « au grand minimum » tenir avant la fin de l'année les élections parlementaires promises. « Je pense que la chose la plus importante pour eux est qu'ils se rendent pleinement éligibles à l'aide des institutions financières internationales », a-t-il dit. « Nous avons dit clairement que notre soutien est possible, mais que nous voulons voir la Tunisie retourner sur la voie qui était la sienne. » La Tunisie a entamé en février des discussions préliminaires avec le Fonds monétaire international (FMI), dont les Etats-Unis sont le principal actionnaire, dans l'espoir d'obtenir plusieurs milliards de dollars pour sauver une économie lourdement endettée, pénalisée par l'inflation et un chômage endémique. Le président tunisien Kais Saied, élu en 2019 avant de prendre les pleins pouvoirs en juillet, s'est arrogé vendredi le droit de nommer le chef de l'Autorité électorale, à quelques mois d'un référendum et un scrutin législatif que cette instance doit superviser. Pour rappel, l'administration Biden a récemment durci ses critiques contre M. Saied, appelant fin mars à un retour rapide à un « gouvernement constitutionnel » dans ce pays berceau du Printemps arabe. Washington a critiqué mardi le président tunisien Kais Saied pour s'être arrogé le droit de nommer le chef de l'Autorité électorale, en appelant au respect des règles démocratiques. « Les Etats-Unis sont profondément préoccupés par la décision du président tunisien de restructurer unilatéralement l'Instance supérieure indépendante pour les élections en Tunisie », a déclaré à la presse le porte-parole du département d'Etat, Ned Price. Washington « n'a cessé de communiquer aux dirigeants tunisiens l'importance de maintenir l'indépendance des principales institutions démocratiques et de garantir le retour de la Tunisie à une gouvernance démocratique », a-t-il ajouté. La semaine dernière, Kais Saied, qui accapare les pouvoirs depuis juillet, a décidé de s'arroger le droit de nommer trois des sept membres de l'Instance Supérieure Indépendante pour les Elections (Isie), dont son président.