L'orge subventionnée introuvable, l'assurance sécheresse ralentie et hausse du prix du gasoil Par Fairouz El Mouden C'est encore prématuré de se prononcer sur le sauvetage de la campagne agricole. Les dernières précipitations sont certes bénéfiques pour les barrages, la nappe phréatique et les cultures de printemps et certaines cultures irriguées mais pas pour les cultures dites précoces. Les prévisions tablant sur une production céréalière de 25 millions de quintaux restent incertaines et difficilement réalisables. Le constat fait état aujourd'hui d'une situation sinistrée de plus de 90% de l'ensemble des cultures céréalière, fourragères et légumineuses. Le gap est aujourd'hui largement dépassé. Entre le mois de novembre et mars, l'absence des pluies a frappé de plein fouet les cultures installées en automne. Néanmoins, les précipitations enregistrées dernièrement peuvent sauver une partie des cultures dans les zones du Saïs et du nord et une partie du périmètre irrigué. Les autres régions affichent déjà une situation sinistrée à hauteur de 90% des cultures d'automne. Une situation expliquée par l'une des plus fortes sécheresses qu'a connues le Maroc depuis les 30 dernières années. De l'avis de Abbas Tanji, chercheur agronome, la prudence reste de mise car il est encore très tôt de se prononcer sur des estimations de production de l'actuelle campagne agricole, notamment pour les semis du mois de novembre. Il estime que les dernières pluies peuvent être utiles pour irriguer les cultures de printemps soit une irrigation gratuite dans un contexte marqué par la hausse des prix du gasoil et de tous les engrais et intrants agricoles. Malgré les dernières précipitations, Tanji remarque l'absence de végétations et de couvert végétal dans les pâturages. Le cheptel est aujourd'hui affamé. Il est question de sauver de manière urgente le patrimoine animal qui s'élève à plus de 24 millions de têtes d'animaux. D'ailleurs, on s'interroge aujourd'hui sur le retard qu'accuse la distribution de l'orge subventionné à 2 dirhams le kilo et les aliments de bétail. Notre interlocuteur confirme que l'orge subventionné est actuellement introuvable sur le marché. Une situation anormale dans une conjoncture de flambée des prix des matières premières, des produits alimentaires et des produits énergétiques. Normalement l'orge subventionnée est commercialisé à travers les communes rurales. Mais, à la date d'aujourd'hui beaucoup de communes n'ont pas encore distribué l'orge subventionnée ? On rappelle aussi que l'assurance sécheresse affiche un rythme décéléré. La MAMDA doit accélérer l'indemnisation des agriculteurs dont le nombre s'élève à plus 90% de petits agriculteurs qui ont des exploitations agricoles de 2 à 3 hectares. Plus d'un million d'hectares bénéficiant de l'assurance sécheresse ne peut pas être labourés avant le passage de la commission. Tanji précise que cette commission n'a pas encore commercé son travail et qu'il est interdit d'installer les cultures avant la validation de la dite commission. Un autre point non moins insignifiant pèse de tout son poids sur le monde rural et les agriculteurs. Il s'agit de la hausse continue des prix du gasoil. Les petits agriculteurs sont démunis et ne disposent d'aucun revenu pour pouvoir vivre et couvrir les charges liées à l'agriculture. Le département de tutelle se doit d'agir de manière urgente pour subventionner les engrais, le gasoil des tracteurs et machines agricoles et activer l'assurance sécheresse...