Nabil EL BOUSAADI Plus le temps passe, plus la tension augmente et plus les chancelleries du monde entier ont le regard tourné vers l'Europe de l'Est et notamment vers l'Ukraine, cette ancienne république soviétique, au motif que la Russie pourrait l'envahir à tout instant nonobstant les diverses assurances données par le Kremlin et le ballet diplomatique auquel se sont adonnés les représentants des deux pays et ceux de nombreux capitales occidentales à l'effet de trouver une solution à la crise qui oppose Moscou à Kiev. Volant à la rescousse des Etats-Unis qui ont, dès samedi, ordonné le retrait de la majorité du personnel de leur ambassade à Kiev avec le maintien d'une petite présence consulaire à Lviv à l'ouest du pays à quelques 70 kilomètres de la frontière polonaise pour gérer les questions urgentes, et des 160 derniers soldats américains encore présents en Ukraine pour les « repositionner » dans un autre territoire européen, le Royaume-Uni, la Belgique, la Norvège, les Pays-Bas, le Canada, l'Australie, le Japon, Israël et l'Allemagne ont, également, demandé à leurs ressortissants de quitter l'Ukraine; ce qui laisse présager le pire. Il en est de même des institutions de l'Union européenne qui ont recommandé aux personnels non essentiels de leur représentation à Kiev, d'adopter la formule du télétravail depuis l'étranger et de la Russie qui, par crainte de « provocations » adverses a rappelé une bonne partie de son personnel diplomatique en poste en Ukraine. Ajoutant aux tensions déjà existantes, Moscou a annoncé que samedi « plus de 30 navires de la flotte russe de la mer Noire ont pris la mer depuis Sébastopol et Novorossiisk selon le plan d'exercice » prévu au titre des importantes manœuvres navales que la Russie compte effectuer en Mer Noire et son ministère de la Défense a fait savoir que la marine a chassé samedi matin un sous-marin américain qui opérait dans ses eaux territoriales dans l'Océan Pacifique. Et si, deux jours auparavant, ce sont plusieurs milliers de soldats russes qui avaient entamé des exercices de grande ampleur en Biélorussie qui devraient durer jusqu'au 20 Février, il semblerait que, par ces opérations, la Russie viserait à « encercler » l'Ukraine. Il n'en fallait pas plus pour que Jake Sullivan, le conseiller de la Maison Blanche pour la sécurité nationale, ne déclare, lors d'une réunion virtuelle des principaux dirigeants occidentaux, qu'il continue « à voir des signes d'escalade russe ». Mais les propos de ce dernier ont poussé Maria Zakharova, la porte-parole de la diplomatie russe, à dénoncer « l'hystérie de la Maison Blanche (...) plus révélatrice que jamais » et à déclarer que, du moment que « les anglo-saxons ont besoin d'une guerre à tout prix (...) les provocations, la désinformation et les menaces » restent leur « méthode favorite pour résoudre leurs propres problèmes ». Lui emboîtant le pas, Sergueï Lavrov, le ministre russe des Affaires étrangères, a tenu à préciser que « la campagne de propagande lancée par Washington et ses alliés » sur la prétendue « agression russe contre l'Ukraine » n'est rien d'autre que de « la provocation ». D'ailleurs, même le président ukrainien Volodymyr Zelensky a jugé, ce samedi, « alarmiste » la position prise par les Etats-Unis et déploré le fait que les informations distillées par Washington « ne font que provoquer la panique » ; ce qui n'aide pas l'Ukraine. Aussi, en considérant que « toutes les informations (sur une possible attaque) ne font que provoquer la panique » et n'aident pas le pays, il ajoutera qu'en dépit des manœuvres militaires russes, il reste, néanmoins, persuadé que « la voie diplomatique est la seule à même d'aboutir à la désescalade ». Est-il permis, dès lors, de croire que, dans cette partie du monde qui a toujours fait l'objet de convoitises, la diplomatie va finir par l'emporter et que tous ces bruits de bottes resteront sans lendemains ? Attendons pour voir...