Le conglomérat industriel et technologique japonais Toshiba a annoncé son intention de se scinder en deux entreprises indépendantes et de vendre plusieurs de ses activités, revenant sur un précédent projet de séparation en trois entités auquel s'opposaient certains actionnaires. Toshiba, pressé par ses actionnaires de maximiser sa valeur, veut désormais créer une nouvelle entreprise regroupant ses activités dans les appareils électroniques et le stockage de données, incluant les semi-conducteurs, et l'introduire en Bourse d'ici fin mars 2024, a détaillé son PDG Satoshi Tsunakawa. La seconde, formée du reste de Toshiba, doit conserver ses activités notamment dans les infrastructures et les solutions numériques et également gérer la part de 40% environ qu'il détient actuellement dans Kioxia, géant nippon des puces-mémoires que Toshiba souhaite voir introduit en Bourse rapidement. Satoshi Tsunakawa a jugé lundi «optimale» la solution de la scission afin d'améliorer la valeur d'entreprise du conglomérat et de favoriser un fonctionnement plus «agile», reconnaissant que Toshiba souffre en l'état actuel «de lenteur dans la prise de décision». Le projet doit être soumis aux actionnaires lors d'une assemblée générale extraordinaire prévue le mois prochain, à une date encore indéterminée. Toshiba a précisé avoir revu son projet initial de séparation en trois, annoncé en novembre dernier, après avoir identifié «des obstacles qui n'étaient pas prévus initialement», et pour «réduire significativement les coûts» et l'incertitude liée à l'opération. Ce plan prévoyait en plus la création d'une entreprise dédiée aux activités de Toshiba dans l'énergie et les infrastructures. Mais l'annonce avait suscité des réactions contrastées, et l'opposition en particulier de son deuxième plus gros investisseur (avec environ 7,5% des parts), le fonds activiste 3D Investment Partners, qui en janvier avait enjoint Toshiba d'envisager d'autres stratégies. Désireux de se rendre plus attractif et de «dégager davantage de valeur» pour ses actionnaires, le groupe veut également céder des segments éloignés de son cœur d'activités. Il a ainsi annoncé lundi son intention de vendre la majorité de ses parts dans son activité de climatisation Toshiba Carrier Corporation (TCC) à l'américain Carrier Global, avec qui il détient cette coentreprise créée en 1999, pour un montant avoisinant les 100 milliards de yens (759 millions d'euros). Toshiba, qui réduirait ainsi sa participation dans TCC de 60% à 5% selon un communiqué, explique qu'il s'agit selon lui de «la meilleure manière d'exploiter pleinement le potentiel et la valeur de ses activités dans le domaine des climatiseurs». L'entreprise veut également se défaire d'ici fin mars 2023 de ses activités dans les ascenseurs et les luminaires. Ancien fleuron industriel et technologique japonais, Toshiba a beaucoup perdu de sa superbe depuis un énorme scandale de maquillage de ses comptes révélé en 2015. Le groupe s'était ensuite retrouvé au bord du gouffre après la faillite de sa filiale nucléaire américaine Westinghouse en 2017. Pour survivre, le groupe nippon a dû vendre de nombreux actifs dont sa perle Toshiba Memory, son entité de puces-mémoires rachetée en 2018 par un consortium mené par le fonds américain Bain Capital pour environ 18 milliards d'euros et rebaptisée depuis Kioxia. Toshiba a aussi connu récemment une profonde crise de gouvernance: son directeur général puis son président ont été limogés l'an dernier sous la pression des actionnaires, très remontés contre les méthodes de la direction pour assurer le vote de ses résolutions lors d'une assemblée générale en 2020. Toshiba, qui doit annoncer le 14 février ses résultats trimestriels, a revu en hausse lundi sa prévision de bénéfice net pour l'exercice 2021/22 se terminant fin mars, à 150 milliards de yens (1,13 milliard d'euros) contre 130 milliards de yens précédemment. Il a au contraire abaissé celle de bénéfice opérationnel en raison de la pénurie de semi-conducteurs, de l'impact du Covid-19 et de la flambée du prix des matières premières, à 155 milliards de yens (contre 170 milliards précédemment).