Séquestrée par les Forces Armées Révolutionnaires de Colombie (FARC) pendant six années, la franco-colombienne Ingrid Betancourt, 60 ans, a annoncé, ce samedi, qu'elle entend quitter la Coalition de l'Espérance, qui regroupe les partis centristes et à laquelle elle reproche certaines «manigances», afin de pouvoir représenter le mouvement écologiste, «Verde Oxigeno» (Vert Oxygène), au scrutin qui aura lieu les 29 Mai et 19 Juin prochains à l'effet d'élire, pour quatre années, celui ou celle qui succèdera au président Ivan Duque dès lors que la Constitution colombienne n'accorde qu'un mandat unique au chef de l'Etat. Kidnappée, en 2002, par la guérilla marxiste des FARC au moment où elle faisait campagne pour la présidence de la Colombie, Ingrid Betancourt, qui avait été libérée en 2008 à la faveur d'une opération menée par l'armée régulière colombienne, a annoncé, le 18 janvier dernier, dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux, son intention de participer à la course à la présidentielle en tant qu'alternative au face-à-face qui oppose la droite au pouvoir à la gauche représentée par l'ex-maire de Bogota et ancien guérillero Gustavo Petro, donné favori par les sondages. Mais, pour pouvoir représenter la coalition centriste à la présidentielle, l'ex-otage des FARC qui a appelé « toutes les Colombiennes et tous les Colombiens à construire ensemble le chemin » qui devrait les « libérer de la corruption », devrait d'abord remporter la «primaire» prévue le 13 mars prochain afin de départager les candidats de ladite coalition. Désireuse de terminer ce qu'elle avait commencé en 2002 et déplorant le fait que la Colombie n'ait eu, «pendant des décennies que de mauvaises options : extrême-droite et extrême-gauche», l'ancienne otage des FARC a affirmé, au cours de la conférence de presse ayant fait suite à sa déclaration, qu'elle «croit en un monde avec une vision de femme» et que, pour cela, elle s'engage à «travailler sans relâche, à partir de maintenant, du lever au coucher du soleil» avec comme objectifs «la lutte contre l'insécurité et la pollution» pour pouvoir accéder à la présidence d'un pays «désormais prêt à changer de cap». Ingrid Betancourt s'est également exprimée sur la polémique afférente aux 36 millions de dollars de réparation financière ordonnée par la justice américaine contre les FARC pour leur responsabilité dans son enlèvement ainsi que sur l'indemnisation de 12 millions de dollars au profit de son fils, Lawrence Betancourt, dit « Lorenzo », qui a été ordonnée par un tribunal fédéral de Pennsylvanie car en possédant la nationalité américaine, ce dernier avait déposé, en Juin 2018, une plainte contre quatorze anciens responsables des FARC dont la plupart sont soit présumés morts aujourd'hui soit toujours en armes dans la jungle. «Nous avons parfois pris l'habitude de penser que demander justice est abusif (...) Je suis venue aujourd'hui pour demander que chaque fils, chaque fille, chaque père, chaque mère soit indemnisé» a martelé l'ancienne otage des FARC. Pour rappel, Ingrid Betancourt avait réclamé, en 2010, une compensation à l'Etat colombien pour avoir été incapable de garantir sa sécurité avant de se rétracter face aux critiques de ses compatriotes. Elle avait dit à ce sujet : «On m'a accusée d'avoir été ingrate, opportuniste, cupide (...) mais le système de corruption qui règne dans notre pays ne reconnaît que les droits des bandits»; ce qui ne l'empêche pas, néanmoins, d'attendre, comme les autres victimes, « vérité, justice et réparation » auxquelles donneront lieu les enquêtes menées par le Tribunal de paix mis en place par l'accord de 2016 ayant mis fin au conflit qui avait opposé, pendant plus d'un demi-siècle, la guérilleros marxistes des FARC au gouvernement colombien. La franco-colombienne qui avait été séquestrée pendant six années par les guérilleros des Forces Armées Révolutionnaires de Colombie a-t-elle des chances d'accéder à la magistrature suprême du pays ? Rien, pour l'heure, ne permettant ni de l'infirmer ni de le confirmer, attendons pour voir....