Les rebelles au Yémen ont tiré lundi coup sur coup des missiles balistiques contre les Emirats arabes unis qui les ont interceptés et l'Arabie saoudite où deux personnes ont été blessées, franchissant un nouveau palier dans les attaques contre leurs deux adversaires. L'Arabie saoudite et les Emirats font partie d'une coalition qui intervient depuis 2015 au Yémen en guerre pour soutenir militairement le pouvoir face aux Houthis qui contrôlent la majeure partie du nord du pays et la capitale Sanaa. Les trois pays se trouvent dans la péninsule arabique. Le Yémen est frontalier de l'Arabie saoudite et la capitale des Emirats Abou Dhabi est située à quelque 1.500 kilomètres de Sanaa. Les nouveaux tirs contre les Emirats et l'Arabie saoudite surviennent après une frappe aérienne attribuée à la coalition militaire contre une prison tenue par les rebelles dans le nord du Yémen qui a fait au moins 70 morts vendredi. La multiplication des attaques des rebelles Houthis contre les Emirats, richissime pays du Golfe qui tient à sa réputation d'oasis de paix au Moyen-Orient, ouvrent une nouvelle page dans la guerre du Yémen déclenchée en 2014. Après avoir revendiqué les attaques contre les Emirats et le royaume saoudien, les rebelles yéménites ont menacé lundi d' »intensifier » leurs opérations. « Nous sommes prêts à répondre à l'escalade par l'escalade », a affirmé le porte-parole militaire des rebelles Yahya Saree dans une déclaration télévisée. « Les défenses anti-aériennes des Emirats ont intercepté et détruit deux missiles balistiques lancés par le groupe terroriste Houthis » tôt le matin, a indiqué le ministère de la Défense dans un communiqué à Abou Dhabi. « L'attaque n'a pas fait de victimes, et les débris des missiles détruits sont tombés autour d'Abou Dhabi », a-t-il ajouté. Les Emirats « prennent toutes les mesures pour protéger le pays de toutes les attaques ». Quelques heures plus tôt, en pleine nuit, les autorités saoudiennes ont annoncé que deux personnes avaient été blessées par un missile balistique tiré par les Houthis contre la ville de Jazan (sud). Un autre missile balistique tiré vers Dhahran Al-Janoub (sud) a été intercepté. En réaction, la coalition militaire commandée par l'Arabie saoudite a indiqué avoir détruit une « plateforme de lancement de missiles balistiques dans la région d'Al-Jawf » dans le nord du Yémen. Le 17 janvier, les rebelles yéménites ont revendiqué une attaque de drones et de missiles contre des installations pétrolières et l'aéroport d'Abou Dhabi, qui ont fait trois morts. Ils ont ensuite menacé de lancer de nouvelles attaques contre les Emirats en appelant les civils et les compagnies étrangères à éviter les « sites vitaux » dans ce pays. Les Emirats menacent de riposter Les Houthis ont mené ces dernières années de multiples opérations contre l'Arabie saoudite mais l'attaque du 17 janvier était la première reconnue par les Emirats arabes unis à l'intérieur de leurs frontières. Il s'agissait également de la première attaque meurtrière des Houthis aux Emirats. Elle a été suivie par une série de frappes aériennes de la coalition notamment contre Sanaa et par des offensives au sol des forces gouvernementales yéménites. Un des raids aériens a fait 14 morts à Sanaa, et au moins trois enfants ont été tués dans une attaque contre Hodeida (ouest), par où transite la majeure partie de l'aide internationale destinée au pays, le plus pauvre de la péninsule arabique. La coalition a en revanche nié toute responsabilité dans une frappe contre une prison lancée vendredi avant l'aube à Saada, le fief des rebelles dans le nord du Yémen. Les ONG internationales et les rebelles ont accusé la coalition, maître de l'espace aérien du Yémen. En plus de sept ans de guerre, toutes les parties au conflit au Yémen ont été accusées de « crimes de guerre » par des experts de l'ONU. Mise en cause pour de multiples « bavures », la coalition a reconnu des « erreurs » et accuse les rebelles d'utiliser les civils comme boucliers humains. L'ONU tente en vain depuis plusieurs années de mettre fin à ce conflit dévastateur qui a fait, selon elle, 377.000 morts et poussé une population de 30 millions d'habitants au bord d'une famine à grande échelle.