Entre Covid et diplomatie Première réunion de crise sur la pandémie, visites à Paris et Bruxelles, ultimes passations de pouvoirs: le nouveau gouvernement allemand d'Olaf Scholz entame son mandat jeudi sur les chapeaux de roue. Le neuvième chancelier allemand de l'après-guerre, qui a succédé mercredi à Angela Merkel et pris possession de son nouveau bureau à la chancellerie, est bien conscient qu'il ne bénéficiera d'aucun état de grâce. Première urgence: la situation sanitaire, toujours très dégradée en Allemagne malgré une ruée sur les troisièmes doses de vaccin ces derniers jours. L'Allemagne a encore enregistré jeudi plus de 70.000 nouvelles infections et 465 décès liés au Covid-19, avec un taux d'incidence sur sept jours de 422,3. Dans ce contexte inquiétant, en particulier dans des régions d'ex-RDA qui dépassent les 1.000 cas pour 100.000 habitants, le nouveau chancelier va présider jeudi après-midi sa première réunion de crise avec les 16 Länder du pays. Une semaine après une réunion alors présidée par Angela Merkel et qui avait durci nettement les restrictions visant les non-vaccinés, cette nouvelle rencontre ne devrait pas forcément déboucher sur des mesures supplémentaires. Avant de faire voter l'obligation vaccinale dans les prochaines semaines, le gouvernement devrait prendre position sur la vaccination des enfants, après un avis rendu dans la journée par la commission vaccinale allemande. Les premiers pas du nouveau ministre de la Santé, l'expert social-démocrate Karl Lauterbach, seront particulièrement scrutés. Ce médecin de 58 ans, dont la compétence est reconnue par le monde médical, est plus réputé pour ses sorties tonitruantes dans les médias et réseaux sociaux que pour sa capacité à travailler en équipe et à diriger une administration. La nouvelle équipe doit achever en parallèle son installation avec d'ultimes passations de pouvoirs, dont une très attendue à la mi-journée au ministère des Finances entre M. Scholz, grand argentier du gouvernement Merkel, et le libéral Christian Lindner. Le patron du parti FDP, une des trois formations de la nouvelle coalition, est à 42 ans un des poids lourds de la nouvelle équipe même s'il n'a aucune expérience ministérielle. Les débuts de ce tenant de la rigueur budgétaire et du mécanisme de « frein » à l'endettement devraient être observés par les partenaires de la première économie de l'Union européenne. Une autre figure du gouvernement Scholz, l'écologiste Annalena Baerbock, première cheffe de la diplomatie allemande, est, elle, déjà en action avec des visites jeudi à Paris et Bruxelles. Elle aussi dépourvue d'expérience ministérielle, la ministre âgée de 40 ans a rencontré jeudi matin son homologue français, Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense puis des Affaires étrangères depuis près de dix ans. L'ancienne candidate écologiste à la chancellerie a assuré être prête à travailler avec la France pour une Europe « forte et souveraine », alors que Paris s'apprête à prendre au 1er janvier la présidence de l'UE. Emmanuel Macron, qui doit présenter jeudi après-midi ses priorités pour la présidence française de l'UE au premier semestre 2022, plaide depuis le début de son mandat pour une plus grande autonomie stratégique de l'Europe. Mais cette idée suscite un certain nombre de réserves, notamment parmi les Etats membres est-européens, qui s'en remettent avant tout à l'Otan pour leur sécurité. Jean-Yves Le Drian a de son côté souligné que l'Allemagne avait un « rôle crucial à jouer » au Sahel, où la France souhaite engager plus largement ses partenaires européens au côté de sa force Barkhane. Mme Baerbock, partisane d'une ligne plus offensive à l'égard de la Chine, poursuivra jeudi son périple à Bruxelles pour des entretiens avec le chef de la diplomatie de l'UE, Josep Borrell, puis le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg. Vendredi, ce sera au tour d'Olaf Scholz lui-même de se rendre à Paris pour sa première visite officielle, réservée, comme de tradition, à la France. Le nouveau dirigeant allemand devrait avoir son premier entretien par vidéo vendredi avec le président américain Joe Biden, organisateur d'un sommet virtuel sur la démocratie. Ses prises de position sur un éventuel boycott diplomatique des Jeux olympiques d'hiver organisés par la Chine ou sur la menace russe pesant sur l'Ukraine sont particulièrement attendues, bien que M. Scholz soit peu friand de déclarations tapageuses.