L'engagement constant du Royaume envers l'Afrique et sa volonté indéfectible de partager son expérience avec les pays du continent pourraient servir de socle à un nouveau modèle de coopération panafricain post-Covid destiné à relever les défis inhérents à la réalisation des objectifs de développement durable (ODD). Cette nouvelle conjoncture, à la fois délicate et favorable à la mutualisation des efforts, appelle alors la réflexion à un nouveau paradigme de coopération africaine pour une sortie de crise juste et efficace. Si l'heure de la relance économique a sonné pour l'Afrique, celle-ci ne saurait se mettre en marche sans l'adhésion de l'ensemble des acteurs du continent. Entre la correction des dysfonctionnements systémiques dont souffre l'Afrique et la poursuite de la dynamique de développement stoppée par la pandémie, plusieurs challenges sont à relever. De l'incapacité de certains pays d'endiguer le virus, aux enjeux de la sécurité alimentaire, en passant par la pénurie de vaccins, le modèle de coopération actuel, mis à rude épreuve par la pandémie, a montré ses limites. Toutefois, les répercussions socio-économiques de la crise sanitaire ont été variables en fonction des pays. C'est dans cet esprit que le Maroc, fidèle à sa vocation africaine, est intervenu, sur Très Hautes Instructions de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, pour acheminer des aides médicales à une vingtaine de pays africains, appartenant à toutes les sous-régions du continent, afin de les accompagner dans leurs efforts de lutte contre la pandémie. Cette initiative Royale salutaire corrobore la politique de coopération volontariste et solidaire portée par le Maroc à l'égard de l'Afrique, conformément au préambule de la Constitution de 2011 qui réaffirme l'engagement du Royaume dans la consolidation des « relations de coopération et de solidarité avec les peuples et les pays d'Afrique, notamment les pays subsahariens et du Sahel ». Pour Abdou Diop, Managing Partner de Mazars et Président de la Commission Afrique de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), le Royaume est en mesure d'impulser une dynamique industrielle et de nouveaux emplois au sein du continent africain à la faveur de son bassin industriel important, son savoir-faire et ses ressources humaines. La souveraineté industrielle du Maroc lui confère également la possibilité de contribuer à la relance régionale à l'heure où beaucoup de pays africains aspirent à la souveraineté économique, a affirmé M. Diop dans une interview accordée à la MAP, notant que l'expertise marocaine serait à même de promouvoir des champions nationaux dans les pays partenaires via l'appui au renforcement de leurs industries locales. Après avoir rappelé la nécessité de reconfiguration des chaînes d'approvisionnement africaines pour atténuer les dépendances intercontinentales, le spécialiste a évoqué la question de la sécurité alimentaire qui revêt désormais une priorité dans le réajustement des plans de développement économique des pays africains. A cette problématique, poursuit M. Diop, la productivité agricole du Maroc est un élément clé pouvant être partagé avec les pays du continent, notamment à travers l'expertise de l'Office Chérifien du Phosphate (OCP) et sa dynamique de cartographie des sols et d'approvisionnement d'engrais de qualité permettant de bons rendements. S'agissant des industries marocaines opérant dans l'aéronautique, l'agroalimentaire ou encore le textile, le spécialiste de l'Afrique a mis en lumière la structuration d'une industrie marocaine arrimée aux chaînes de valeur mondiales qui pourrait bénéficier au développement économique du continent. Cet arrimage, selon lui, offre la possibilité de construire des chaînes de valeur complémentaires continentales qui permettent de disposer d'une plus grande intégration de ces produits en Afrique. A ce titre, M. Diop donne l'exemple du taux d'intégration du Maroc dans l'industrie automobile qui a atteint les 60%, lequel peut constituer le socle de chaînes de valeur complémentaires avec les pays du continent. Pour le spécialiste, il s'agira de développer de nouveaux segments dans d'autres pays africains sur la base de cette économie marocaine intégrée dans les chaînes de valeur mondiales. Il est de même pour l'industrie textile marocaine qui pourrait se développer davantage grâce à la complémentarité des ressources africaines et en l'occurrence l'industrie cotonnière, a-t-il relevé. Et d'ajouter que le Maroc pourrait également contribuer à l'émergence économique du continent via l'investissement du secteur privé marocain dans les domaines prioritaires des plans de développement des pays africains et la promotion d'infrastructures et de connexions favorisant l'intégration régionale, comme, à titre d'exemple, la route dorsale Tanger-Dakar ou encore le gazoduc reliant le Nigeria au Maroc. A cet égard, M. Diop a fait référence à la construction par le Royaume de plateformes visant à désenclaver et améliorer toute l'infrastructure et la logistique continentale que ce soit via le port de Tanger-Med, le hub aérien de Casablanca ou encore les connexions terrestres, ce qui contribue au développement économique du continent à travers l'offre logistique et l'amélioration des coûts du transport. De par son engagement concret en faveur de la prospérité globale, le Maroc, à la fois locomotive de développement et porte d'entrée privilégiée de l'Afrique, serait donc en mesure de dessiner les contours d'une relance économique régionale inclusive et, par là même, conduire des initiatives innovantes basées sur le partage d'expérience avec les pays du continent. Une perspective confortée par l'Indice de l'intégration régionale en Afrique (IIRA) qui place le Maroc à la tête des meilleures performances dans le domaine macroéconomique en tant que « pays mettant actuellement en œuvre le nombre le plus élevé de traités bilatéraux d'investissement ».