A Chelsea comme à la Juventus, qui se disputent mardi (21h00) la tête de leur groupe en Ligue des champions, l'art de défendre est solidement ancré dans l'ADN, incarné aujourd'hui par le ressuscité Antonio Rüdiger chez les Blues et l'insubmersible Leonardo Bonucci chez les Bianconeri. Pour Thomas Tuchel comme pour Massimiliano Allegri, difficile actuellement de se passer de l'impact physique et de la force de caractère de ces deux piliers, joueurs les plus utilisés dans leur club. Précieux devant leur gardien, ils savent aussi l'être face au but adverse comme ce week-end où ils ont tous deux marqué: une tête à Leicester (3-0) pour Rüdiger avec Chelsea, leader de Premier League; deux penalties réussis chez la Lazio (2-0) pour Bonucci avec la Juve, à la peine en Serie A (7e). A Turin, « Leo » fait partie des meubles. Il porte le maillot noir et blanc depuis 2010 et a été l'un des grands protagonistes de la série record de titres de la Juve entre 2011 entre 2020, ne manquant que celui de 2018 pour être parti à l'AC Milan pendant une saison. En raison de cette courte infidélité, il a été rétrogradé dans la hiérarchie pour le capitanat, repoussé au troisième rang cette saison par Massimiliano Allegri qui a désigné Paulo Dybala vice-capitaine derrière Giorgio Chiellini. Cette petite pique n'a pas vraiment eu de conséquences sur le rendement et l'attitude de « Leo », plus que jamais leader à 34 ans, qu'il soit sans le brassard ou avec, comme samedi à Rome en raison des absences de Chiellini et Dybala. Il est certainement le Turinois le plus assidu devant la presse pour défendre « l'esprit de la Juve », dans les bons jours comme les moins bons, assez fréquents cette saison. « Quand tu es la Juve et que tu fais le parcours que nous avons fait au début, c'est logique d'être critiqué. Mais cela doit seulement nous pousser à faire mieux », a-t-il commenté samedi après son tout premier doublé en Serie A (en 402 matches). Un caractère dont l'Italie va aussi avoir besoin en mars lors des incertains barrages sur la route du Mondial-2022. A Chelsea, la renaissance de Rüdiger est elle une nouveauté de l'année. Donné comme perdu il y a un an, Rüdiger est sans doute le joueur dont la trajectoire a changé le plus spectaculairement depuis l'arrivée de Thomas Tuchel en janvier. Pour son prédécesseur Frank Lampard, il n'était qu'un second choix (quatre apparitions en championnat). Mais avec Tuchel, il avait débuté 15 des 19 matches suivants en Premier League et cette saison, toute compétitions confondues, il est le joueur le plus utilisé. Tacles, duels aériens, interceptions… Tous ses indicateurs sont au plus haut depuis son arrivée en 2017, alors que ses montées rageuses enflamment régulièrement Stamford Bridge. Cette belle période lui a fait dire qu'il jouait « le meilleur football de (sa) carrière », mi-septembre, sur le podcast officiel des Blues, ajoutant quelques jours plus tard: « Tuchel m'a donné une nouvelle vie ». L'avenir de l'international allemand (49 sélections), en fin de contrat cet été, reste pourtant incertain. Il ne fait pas partie des dix plus gros salaires du club et souhaiterait le doubler, alors que Chelsea ne lui proposerait « que » 40% de revalorisation. Des prétendants prêts à le contenter se bousculeraient: le Bayern et le Real, avec le Paris SG, Liverpool et Manchester City en embuscade, selon la presse. « Ce que nous voulons est clair mais, dans le football, ce n'est pas toujours ce que le coach ou le club désire qui se réalise », a commenté Tuchel, vendredi. « Je suis tout à fait sûr que +Toni+ sent à quel point il est respecté et le rôle important qu'il joue dans ce club », a-t-il ajouté. Que ce soit pour convaincre Chelsea d'augmenter son offre ou pour séduire un autre club, le duel contre Bonucci est l'occasion de montrer qu'il est, à 28 ans, à l'apogée de sa carrière.