Lors de l'Euro « magique » de l'Italie, Manuel Locatelli a vite grandi auprès du « professeur » Jorginho. Le milieu de la Juventus va avoir l'occasion de montrer s'il a les armes pour rivaliser avec le stratège de Chelsea. Comme les « Trois mousquetaires » étaient quatre, l'Italie de Roberto Mancini s'est découvert avec Locatelli un quatrième moteur au milieu, aux côtés du trio Barella-Jorginho-Verratti. Locatelli a été un quasi-titulaire de la Nazionale sacrée à Wembley. Il a fait oublier l'absence de Verratti, blessé, lors des premiers matches puis l'a parfaitement suppléé en cours de jeu, dès que le milieu du Paris SG flanchait physiquement. Jorginho, surnommé le « professeur » dans la Nazionale, avait salué cette alternance sans accroc: « Quand il n'y a pas Marco, il y a Loca, qui a des caractéristiques similaires. Tous deux m'aident dans la construction ». Après un tel Euro, il était difficile pour Sassuolo de retenir son joyau de 23 ans, priorité numéro un du nouvel entraîneur de la Juventus Massimiliano Allegri. Chez les Bianconeri, le milieu était un secteur en friche, sans système limpide ni joueur indispensable, après une saison d'expérimentations avec Andrea Pirlo. Allegri espère avoir trouvé avec Locatelli un joueur capable de stabiliser l'équipe, comme il l'avait lors de son premier passage à la Juve avec Miralem Pjanic. Conscient des attentes et mieux armé face à la pression que lors de ses débuts à Milan, il y a cinq ans, Locatelli monte d'ailleurs en puissance. Dimanche, il a inscrit son premier but en bianconero contre la Sampdoria (3-2). Comme lui, la Juve trouve progressivement ses marques, avec ses deux premières victoires en championnat, après son pire démarrage depuis 60 ans (deux nuls, deux défaites). Mais sans Paulo Dybala ni Alvaro Morata, blessés, elle reste fragile à l'heure de recevoir Chelsea dans le duel entre les deux favoris du groupe H, tous deux vainqueurs de leur premier match de C1. Chelsea, après les succès en Ligue des champions et en Supercoupe d'Europe, a encore faim de titres. Et Jorginho, récemment couronné joueur UEFA de l'année, plus encore. Ce match contre la Juve est forcément important pour renforcer ses prétentions au Ballon d'or, qui n'a plus été remporté par un Italien depuis le champion du monde Fabio Cannavaro en 2006. « 2021 a été extraordinaire. Être déjà considéré comme un candidat crédible au Ballon d'or me rend fier », a-t-il souligné dans un entretien à la Gazzetta dello Sport mardi. Cette riche année constitue une belle revanche pour le natif du Brésil, arrivé en Italie à l'adolescence et qui a longtemps semblé mal équipé, malgré sa technique de passe et son sens du placement, pour la Premier League. « Au début, on disait que je n'avais pas ma place dans le club, mais j'ai ensuite démontré que j'avais le niveau pour m'imposer ici », a-t-il confié à BT Sports samedi. « C'est un joueur raffiné et c'est pour ça que tout le monde ne le comprend pas. Il fait tout paraître simple, c'est ce qui le rend si bon », a dit cet été à son sujet Maurizio Sarri, celui qui l'avait amené avec lui à Chelsea, en provenance de Naples. « Mau » l'avait installé au coeur du jeu des Blues, avec un succès mitigé, et sous Frank Lampard, souvent dans un milieu à trois, il ne semblait pas avoir non plus le volume défensif pour s'imposer. Avec l'arrivée de Thomas Tuchel et le passage à deux milieux centraux, Jorginho est devenu le métronome d'une équipe qui joue à haute intensité. « +Jogi+ est un joueur très stratégique. Il sait quoi faire quand il a la balle, imaginer ce qui va se passer avec une ou deux passes d'avance », assure Tuchel. A Locatelli d'avoir autant d'imagination pour tenter de museler Jorginho, avant de l'aider dès la semaine prochaine à décrocher un éventuel titre supplémentaire avec l'Italie, lors du carré final de la Ligue des Nations.