Nabil EL BOUSAADI « L'instrumentalisation des migrants dans un but politique est inacceptable ». C'est ce qui ressort du communiqué, en date de ce lundi, par lequel la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a pointé du doigt les autorités biélorusses et accusé ces dernières d'avoir, en réaction aux sanctions imposées à Minsk par Bruxelles à la suite de la répression brutale de l'opposition par le régime d'Alexandre Loukachenko, orchestré l'arrivée d'une vague de migrants et de réfugiés à la frontière de la Pologne. Mais, outre une extension desdites sanctions, la dirigeante européenne a tenu à préciser que l'UE « va, également, examiner comment sanctionner les compagnies aériennes de pays tiers » qui assurent l'acheminement des migrants vers la Biélorussie. C'est à ce titre que le vice-président de la Commission européenne, Margaritis Schinas, va se rendre « dans les prochains jours dans les principaux pays d'origine et de transit pour s'assurer qu'ils agissent pour empêcher que leurs propres ressortissants tombent dans le piège tendu par les autorités biélorusses » Pour rappel, en Octobre dernier, le chef de la diplomatie européenne Josep Borell, déplorant le fait que si « la route de l'Irak a été fermée cet été, d'autres routes ont été ouvertes », avait fait savoir que l'Union européenne n'hésitera pas « à adopter des sanctions contre les compagnies et les pays qui font le jeu des passeurs (car) les migrants sont munis de visas et de billets d'avions et qu'un appareil est prêt pour les transporter jusqu'à Minsk, d'où ils sont acheminés aux frontières de la Lituanie, de la Lettonie et de la Pologne ». Aussi, pour contrecarrer cet important « assaut migratoire », la Pologne avait immédiatement décrété l'Etat d'urgence dans sa zone frontalière, y avait dépêché des milliers de soldats et légalisé la pratique du refoulement direct. Or, après la mort de plusieurs demandeurs d'asile, les Nations-Unies avaient réclamé une action urgente pour sauver des vies et éviter des souffrances à la frontière entre l'UE et la Biélorussie. Emboitant le pas à l'Union européenne, l'OTAN a déclaré, dans un communiqué, que « l'utilisation des migrants par le régime [du président biélorusse Alexandre] Loukachenko comme tactique hybride est inacceptable ». Se disant, en outre, « préoccupé par la récente escalade à la frontière entre la Pologne et la Biélorussie », l'Alliance atlantique a tenu à signaler qu'elle observe avec beaucoup d'attention la situation et son évolution sur les frontières de trois de ses pays-membres – à savoir, la Pologne, la Lituanie et la Lettonie – et appelle « la Biélorussie à se conformer au droit international ». Même réaction du côté de Washington qui, par la voix du porte-parole de la diplomatie américaine, « condamne fermement l'exploitation politique et la manipulation de personnes vulnérables par le régime » biélorusse. Les tensions à la frontière entre la Biélorussie et la Pologne ont figuré au menu de l'entretien téléphonique qu'ont eu, ce mardi 9 novembre, le président biélorusse Alexandre Loukachenko et son homologue russe Vladimir Poutine. Mais si, dans le communiqué y afférent, le Kremlin s'est contenté d'annoncer que les deux chefs d'Etat ont eu « un échange de vues sur la situation des réfugiés », le service de presse du président biélorusse a tenu, pour sa part, à préciser qu'une « place particulière dans la conversation a été accordée à la situation à la frontière biélorusso-polonaise (car) le déploiement des troupes régulières polonaises à la frontière est particulièrement préoccupant ». Les nouvelles sanctions européennes contre le régime de Loukachenko, la clôture de fils de fer barbelés à lames de rasoir érigée par la Pologne le long de sa frontière avec la Biélorussie, le couvre-feu instauré par Varsovie et l'important déploiement des soldats polonais dans la région vont-ils mettre un terme au flux migratoire ? Attendons pour voir...