Par Fairouz EL Mouden C'est une évidence. Les objectifs annoncés dans le cadre du programme du nouveau gouvernement sont trop ambitieux. Leur réalisation dépendra, certes, des variables internes et externes. Néanmoins, le taux de croissance du PIB fixé à 4% semble loin des objectifs assignés par le nouveau modèle de développement. Abdelwahed Souhail, économiste et membre du bureau politique du PPS s'interroge sur les moyens à mobiliser pour exécuter des engagements assez forts dans un contexte national et mondial fortement impacté par les effets de la pandémie du Covid-19 et la hausse des cours des matières premières. Les promesses n'engagent que ceux qui y croient. Les propos de Abdelawahed Souhail sont on ne peut clairs. Il pose la question des moyens dont le nouveau gouvernement aura besoin pour réussir les nombreux challenges qu'il s'est fixé. « Qu'est ce qu'il va mobiliser comme ressources et comme moyens... et qu'en est-il de la part de l'Etat, du privé et des capitaux étrangers dans cette équation chiffrée à 4% de taux de croissance à l'horizon des cinq prochaines années et à la création de 1 million d'emplois d'ici à 2026. « On verra plus clair à l'occasion de la présentation du projet de la loi des finances 2022 », souligne-t-il en rappelant que les prévisions mondiales tablent sur une reprise économique très forte. Souhail préfère, toutefois, attendre pour voir comment le nouveau gouvernement va orienter ses choix. Consacrera-t-il la rationalisation des dépenses ou la promotion des investissements publics ? ou encore la réforme fiscale ou la compétitivité ? ... Autant d'interrogations qui renvoient à d'autres variables qui semblent difficiles à maitriser ou à anticiper, explique-t-il. Il cite entre autres la pluviométrie, la reprise du tourisme? Les mouvements de la population et les possibilités de sortie de crise pour les entreprises qui ont été touchées par la crise sanitaire...et aussi et surtout la cadence de réalisation des projets engagés ? Bref, conclu-t-il, il faut attendre pour voir les évolutions et les choix qui seront effectués pour arriver à réaliser des chiffres assez ambitieux et prétentieux. Pour rappel, les grands chiffres annoncés par le chef du gouvernement devant les deux chambres tablent sur la réalisation d'un taux de croissance à 4% au cours des cinq prochaines années; la création d'au moins 1 million postes d'emploi net au cours de la même période; l'augmentation du taux d'activité des femmes à plus de 30%, au lieu de 20% actuellement et la baisse des disparités sociales et territoriales à moins de 39%, au lieu de 46,4% selon l'indice de Gini. Les autres objectifs visent à octroyer aux personnes âgées de plus de 65 ans une pension de 1.000 dirhams à l'horizon 2026, la généralisation des allocations familiales fixées à 300 dirhams par mois pour chaque enfant dans la limite de 3 enfants et de l'indemnité pour perte d'emploi (IPE) à l' horizon 2025 à toute personne disposant d'un emploi stable. La mise en place d'une prime de naissance au profit des familles nécessiteuses de 2.000 dirhams à la naissance du premier enfant, et de 1.000 dirhams à la naissance du deuxième est un autre objectif dans le programme du gouvernement qui veut aussi accorder aux associations œuvrant dans le domaine du handicap un budget annuel de 500 millions de dirhams (MDH) et créer au moins 250.000 postes d'emploi direct à travers un programme de petits et grands chantiers publics. Au menu également l'encouragement du label « Made in Morocco » avec une production locale de 34 MMDH d'importations et un potentiel de création de plus de 100.000 emplois et la création de plus de 100.000 postes d'emploi direct et indirect dans le secteur de la pêche et de la pisciculture...