Nabil EL BOUSAADI Si l'Italie a vécu, dimanche et lundi, à l'heure des élections municipales partielles qui vont permettre de mesurer les rapports de force entre les différents partis appartenant à la coalition gouvernementale avec pour enjeu les mairies de plusieurs grandes villes du pays parmi lesquelles Rome, Milan, Naples et Bologne notamment, force est de reconnaître qu'il n'y a pas eu de surprise majeure au terme de ce scrutin qui avait valeur de test pour les partis formant la coalition hétéroclite gouvernementale dirigée, depuis février dernier, par Mario Draghi dont c'est la première consultation électorale mais qui, en outre, a connu un taux de participation de 54% bien en-deçà de celui de 2016. Si donc, pour la droite et notamment pour la Liga de l'ex-ministre de l'intérieur, Matteo Salvini, ces élections étaient supposées démentir les nombreuses enquêtes d'opinion qui lui prédisaient un important recul et la perte de plusieurs municipalités, la gauche avec à sa tête le Parti démocrate espérait, en revanche, que ce scrutin allait confirmer son succès voire même lui donner l'occasion de décrocher de nouveaux strapontins. Or, à l'issue de ces élections, les mairies de plusieurs grandes villes n'ont pas changé de couleur politique. Ce fut le cas notamment de Milan, Naples et Bologne qui sont restées entre les mains du centre-gauche alors que la droite s'est maintenue à Trieste et en Calabre et que le grand vaincu de ces élections a été, sans conteste, le Mouvement 5 étoiles (M5S) qui a perdu les mairies de Rome et de Turin, deux villes majeures où le centre-gauche et le centre-droit vont s'affronter lors du second tour qui se tiendra dans moins de deux semaines. Bien qu'étant réputé non enclin à l'autocritique, face à un résultat qui ne permet aucune contestation au moment où la débandade de la droite dans les grands centres urbains a pris toute son ampleur, Matteo Salvini n'avait pas d'autre choix que celui de reconnaître, ce lundi, sa responsabilité dans la défaite de son parti en déclarant, face aux caméras : « Nous avons perdu sévèrement, je ne vais pas prétendre le contraire » et en reconnaissant au passage, des retards dans le choix des têtes de liste : « Dans certaines villes, nous sommes arrivés à choisir trop tard les candidats à opposer à la gauche (...) Nous sommes arrivés tard même si nous avons les meilleurs candidats... ». Ainsi, pour Roberto d'Alimonte, politologue de l'Université Luiss de Rome, le centre droit « ressort de ce premier tour cabossé (...) avec un souverainisme sur le recul ». En effet, à l'exception d'une victoire très nette dans les élections régionales en Calabre, la coalition dirigée par le tandem Meloni-Salvini (Fratelli d'Italia – La Liga) a enchaîné les contre-performances notamment dans les grandes villes du sud et même en s'affirmant au sein de la droite italienne, les 'frères' « n'ont pas créé la percée tant attendue et leur candidat à Rome ne devrait pas l'emporter au second tour ». Le Mouvement 5 étoiles, M5S, ancien parti anti-système fraîchement repris en main par l'ex- Premier ministre Giuseppe Conte, n'a pas été logé à meilleure enseigne car à Rome et à Turin, deux villes qu'il avait remporté avec fracas en 2016, ses candidats ont été mis hors-jeu du premier coup. Or, même si, à Rome, la maire sortante, Virginia Raggi n'a pu recueillir que 20% des suffrages, que, dans la cité piémontaise, Valentina Sganga n'est même pas parvenue à dépasser la barre des 10%, et que le M5S devra se contenter des victoires acquises à Naples et à Bologne, deux « villes laboratoires » où il a fait « course commune » avec le Parti Démocrate, le leader du M5S a estimé, néanmoins, que bien qu'ils ne soient pas « à la hauteur de (ses) ambitions » ces résultats « ne peuvent pas compromettre le nouveau cap » donné au parti. Enfin, si ce premier tour de scrutin a été remporté haut la main par le Parti Démocrate et que les formations de droite et d'extrême-droite ont enregistré un recul inédit, qu'en sera-t-il à l'issue du deuxième tour les 17 et 18 Octobre prochains ? Une surprise pourrait-elle avoir lieu et permettre aux perdants de sauver, au moins, une partie des meubles ? Attendons pour voir...