Quatre ans après avoir fui son pays pour échapper à la justice suite à sa tentative de sécession d'Octobre 2017, Carles Puigdemont, l'ancien président du gouvernement de Catalogne, qui est sous le coup d'un mandat d'arrêt européen émis par la justice espagnole pour «sédition» et «malversations financières» et dont l'immunité parlementaire avait été levée en mars, a été arrêté, par la police italienne, dès son arrivée, jeudi soir, à l'aéroport d'Alghero en Sardaigne où il était venu pour participer, à l'instar de plusieurs responsables de Catalogne, à la 33ème édition du Festival international de la culture catalane (Adifok). Transféré, dans la nuit, à la prison de Bancali, l'ancien dirigeant catalan devait comparaître, devant la Cour d'appel de Sassari le lendemain dans la matinée pour que celle-ci décide s'il y a lieu de répondre favorablement à la demande d'extradition le concernant formulée par la justice espagnole ou de le remettre en liberté du moment qu'aux dires de son avocat Gonzalo Boye, le mandat d'arrêt européen émis à son encontre est « suspendu » de fait dès lors que la levée de son immunité a fait l'objet d'un recours devant la Cour de justice de l'Union européenne. Mais si, après cette arrestation, le chef du gouvernement espagnol, le socialiste Pedro Sanchez, d'ordinaire très bavard sur les réseaux sociaux, n'a pas «pipé mot» et laissé le soin au secrétariat d'Etat à la communication, de rappeler, dans un communiqué, que « la détention de M. Puigdemont obéit à une procédure judiciaire en cours qui s'applique à tout citoyen de l'Union européenne qui doit répondre de ses actes devant les tribunaux », l'ancien président catalan, Quim Torra, a estimé qu'une éventuelle extradition du leader indépendantiste catalan serait «catastrophique». Raison pour laquelle ce dernier a appelé ses compatriotes catalans a être en « alerte maximale » alors que l'Assemblée nationale catalane les a invités à manifester devant le consulat italien de Barcelone, le lendemain vendredi à partir de 9 heures du matin. Mais à l'issue de la comparution, vendredi après-midi, du leader indépendantiste catalan, en visio-conférence, devant un juge du tribunal de Sassari, son avocat a annoncé que le juge Plinia Azzena, de la Cour d'Appel de Sassari a décidé de le libérer et de lui délivrer l'autorisation de quitter l'Italie. Persuadés que le mandat d'arrêt européen « suspendu de fait » par la justice européenne rend illégale l'arrestation de Carles Puigdemont, les indépendantistes restent confiants quand bien même la Cour suprême espagnol, qui est d'un tout autre avis, aurait confirmé à la justice italienne que ce mandat est toujours en vigueur. C'est donc en étant « sûr de son bon droit » que le leader indépendantiste a accepté de se présenter, à nouveau, devant la justice italienne le 4 octobre prochain à l'audience collégiale au cours de laquelle cette dernière sera appelée à se prononcer sur la demande d'extradition qui a été formulée par le Tribunal suprême espagnol. Mais bien que le gouvernement socialiste de Pedro Sanchez ait exprimé son «respect pour les décisions des autorités italiennes», l'Italie se voit tellement embarrassée par cette affaire que, pour éviter toute polémique politique, Marta Catarbia, la ministre de la Justice, a cru bon de préciser que «seule la magistrature est compétente». Alors, qu'en sera-t-il après le 4 Octobre ? Attendons pour voir... Nabil El Bousaadi