Le joli panache de Mohamed Sanoussi Saoudi El Amalki «L'esprit et le corps sont une seule et même chose, tantôt conçue sous l'attribut de la pensée, tantôt sous l'attribut de l'étendue», se plaisait de confirmer, le penseur néerlandais du 17ème siècle, Baruch Spinoza. La tendance cartésienne, immanent du réel dans la dualité de la matière et de l'âme à laquelle s'identifie«le philosophe de la joie», tel que baptisé par ses pairs, inspire nombre d'érudits du savoir, mais également de pléiades de l'art, sous leurs diverses expressions. Assurément, Mohamed Sanoussi, l'illustre panthéon de l'art plastique, l'émérite baobab de la tradition artistique de l'Afrique, probablement peu médiatisé dans la tribune nationale voire universelle, s'abreuve dans l'océan transcendant du spinozisme. Sur la constellation phosphorescente de ses chefs-d'œuvre, en particulier l'ultime plaquette de ses trouvailles, le «corporel» et «le spirituel»se côtoient sur la même longueur d'ondes, au point de se fondre dans la nymphe galactique. Cette dualité du corps et de l'âme, à la fois fort apparente et quasi latente, très souvent hyper charnelle et sensuelle, à la limite de l'érotisme, a tendance à magnifier et glorifier l'ectoplasme humain, dans tous ses éclats. Sans pour autant ignorer le caractère indissociable de l'âme, en tant que substance motrice qui ravive la chair, le corps chez Sanoussi, tout spécialement le visage encore mieux l'organe oculaire, occupe une place de choix sur la toile. Mais, on a bien l'impression que le bonheur du corps s'avère honni, banni voire accablé par les turpitudes de son entourage pluriel. La liberté du corps que le peintre aurait cherché de faire émerger sans frontières, a l'air de se disperser dans les dédales de la réflexion de l'auteur. «Comment peut-on alors vivre heureux si la liberté n'est qu'une chimère?», avait déjà claironné sur tous les toits, Baruch Spinoza, prônant ainsi la liberté des consciences et des expressions de l'individu. Dans ses inlassables tentatives de libérer le corps du carcan de la servitude, sous ses multiples formes, Sanoussi s'efforce en fait, de matérialiser l'auréole du corps et d'en faire le cheval de bataille contre la tyrannie et le cynisme. Sur la forme, le peintre excelle par ses coups de pinceau extrêmement pointilleux et magistralement habiles pour une recherche esthétique viscéralement harmonieuse et un souci constant judicieusement porteur au plus fin des ingrédients utilisés. La symétrie, le tact, le rappel, la cohérence, autant d'éléments qui mettent en valeur cette passion ardente de fidéliser et d'humaniser, mais aussi d'encenser majestueusement la sacralité du corps, vers la transcendance extrême. C'est sans nul doute, cette maîtrise raffinée de l'art de dessiner, cet entrain hardi de transcender les entraves, et insatiable d'innover dans la remise en cause de la pensée et de l'outil en usage, que Sanoussi parvient à enfanter ces merveilles, en exorcisant le corps au service de la jovialité et la liberté.Et c'est toujours Spinoza qui le dit et en inspire tous ceux qui pétillent de la vie joviale pareil aux orfèvreries signées Sanoussi : «Si vous voulez bien que la vie vous sourie, apportez-en d'abord votre bonne humeur!».