L'Angleterre du capitaine Harry Kane s'avance vers Wembley avec l'appui de ses supporters et la conviction que son heure est venue, un demi-siècle après son dernier titre, mais l'incroyable Danemark veut jouer les trouble-fête à Londres en demi-finale de l'Euro. La sélection des « Three Lions », jamais sacrée en Championnat d'Europe, a gravi sans encombre chaque marche la menant jusqu'au dernier carré, sans encaisser le moindre but et en s'appuyant sur un binôme offensif enfin d'attaque, avec Raheem Sterling et Kane aussi complices que décisifs. Dans leur jardin de Wembley, où environ 60.000 personnes sont attendues, les Anglais espèrent enfin briser le plafond de verre des demi-finales sur lequel ils ont buté en 1968 et en 1996, la dernière fois déjà à domicile face à l'Allemagne aux tirs au but. « On a vaincu tant de malédictions ou de barrières psychologiques que je sens que le groupe prend ça juste comme le prochain défi à relever », s'est avancé Gareth Southgate, sélectionneur d'une équipe gonflée par son sans-faute au premier tour, le triomphe contre la Mannschaft (2-0) en huitièmes et la balade face à l'Ukraine (4-0) en quarts. Le demi-finaliste du Mondial-2018 espère dépoussiérer l'armoire à trophées de l'Angleterre, sevrée de médaille dorée depuis la Coupe du monde 1966 remportée à la maison contre la RFA par la bande de Gordon Banks, Bobby Charlton et Geoffrey Hurst. En face, le Danemark n'a rien à perdre. Touché par le malaise cardiaque de son meneur Christian Eriksen au début de l'Euro, coulé par deux défaites initiales contre la Finlande et le Belgique, le Petit Poucet nordique a ensuite semé du rêve par sa résilience et sa qualité de jeu. Il rêve d'enfiler de nouveau ses bottes de sept lieux pour dévorer l'ogre anglais, avant la finale dimanche également à Londres. La dixième équipe au classement mondial, après avoir mis au tapis les Gallois (4-0) et les Tchèques (2-1) aux tours précédents, « veut être un caillou dans les chaussures des Anglais », assure la chaîne TV2. Le parcours inespéré du Danemark ne fera pas gonfler les chevilles de ses héros, assure le sélectionneur. « On n'oublie jamais d'où on vient. Nous allons continuer à être humbles, ce n'est donc pas un problème pour les joueurs de garder les pieds sur terre », a déclaré Kasper Hjulmand, celui qui a transformé une équipe ultradéfensive en machine à buts. En octobre, les Rouge et Blanc étaient venus dompter les Anglais 1-0 à Wembley en Ligue des nations sur un penalty d'Eriksen. Près de neuf mois plus tard, le N.10 de l'Inter Milan ne sera pas sur la pelouse mais ses partenaires ont un mental d'acier, ainsi que de la ressource. De son remplaçant enthousiasmant Mikkel Damsgaard jusqu'au clinique avant-centre Kasper Dolberg, en passant par le remuant latéral Joakim Maehle, le solide défenseur central Andreas Christensen et le milieu tout-terrain Pierre-Emile Höjbjerg, l'équipe est armée pour rééditer l'exploit des aînés de 1992, lauréats surprise de l'Euro au nez et à la barbe des Français, Néerlandais et Allemands. « Nous pouvons être un danger pour n'importe qui », a prévenu lundi sur la chaîne ITV le gardien de but légendaire de la « Danish Dynamite », Peter Schmeichel, dont le fils Kasper garde désormais les cages de la sélection.