Saoudi El Amalki Le sursaut de l'Office National Marocain du Tourisme (ONMT), relatif à la mise en place du plan de relance de la destination Maroc, serait-il en mesure de ragaillardir un domaine en déperdition, en particulier ces moments cruels de la pandémie ? Pas aussi rassurant que pouvait faire ressortir le directeur général du département, lors de la cérémonie du lancement du tracé en question, devant une certaine assistance et non pas la totalité des professionnels, comme il a été rapporté ! Il est bien vrai que l'initiative, en elle-même, ne devrait pas faire objet de critique dédaigneuse, si l'on sait qu'elle est, quand même, le fruit d'échange concerté au sein d'une équipée d'experts du service central. Toutefois, il importe de dire que la crise est beaucoup plus profonde qu'un élan de saupoudrage sporadique. Au fait, le mécompte que le tourisme essuie aujourd'hui, ne date pas exclusivement de la conjoncture actuelle, mais de l'approche touristique suivie, il y a plus de vingt années. L'épidémie n'a fait qu'aggraver la situation consternante qui sévissait, depuis la politique décennale de la Vision Maroc. Certes, on ne saurait non plus, dévaloriser l'effort qui a été déployé durant toute cette période tant au niveau du binôme ministériel que les multiples intervenants régionaux. Mais, il convient de reconnaître que des déchets énormes ont émaillé ce long parcours, en termes de gouvernance créative, de rétablissement du produit et de volontarisme effectif. Au fil du temps, on accusait le coup face à des destinations concurrentes et marquait le pas en cette composante qui constitue un levier nodal de l'économie nationale. Sans avoir nullement l'intention de tourner le fer dans la plaie, il est loisible de mettre le point sur l'état actuel du tourisme dans le royaume, dès lors que tout le monde se met à pied d'œuvre à se débourber de la crise virale. Bientôt, fin mois juin, l'Europe aurait le Covid derrière elle et s'y mettrait pour remettre d'aplomb son tourisme en souffrance. Quelle part aurions-nous du retour en force de l'embellie européenne, nous qui étions au mode léthargique en amont ? Des miettes si ce n'est des brins de brindilles à mettre sous la dent! En fait, les germaniques et bien d'autres nations émettrices seraient fin prêts à lancer les ventes, sachant que les portugais ont déjà annulé les charters sur notre pays pour la période estivale, alors que les anglais vont émettre des millions de passeports Covid. La péninsule ibérique dont les relations diplomatiques avec notre pays, sont au froid, lèverait sans doute, le pied, après le récent incident inhérent à notre intégrité territoriale... La promotion et la publicité auxquelles l'office compte s'atteler pour prétendre au redémarrage, devraient se faire toute l'année sans nul relâche. Néanmoins, cet aspect purement commercial ne suffirait jamais si on manque d'avion, de pricing et de produit pouvant drainer la clientèle. L'émulation serait inéquitable en matière de l'aérien puisque les compétiteurs ont surtout leurs propres compagnies charter, en plus de leurs promoteurs réguliers qui prêtent main forte au secteur. De même, l'hôtellerie s'avère fortement affectée par l'impact désolant du fléau pandémique et trouve beaucoup de peine à émerger d'où l'impossibilité de baisser les prix. A propos du parc hôtelier d'une station balnéaire, tel Agadir, il ferait mal de constater que la capacité litière est en dégringolade libre, si l'on sait, non sans désolation, que nombre de structures hôtelières dataient des années 60 et en conséquence ne remplissent plus toutes les conditions de commodité et de sécurité universellement reconnues. Sans parler des hôtels qui occupent de dizaines d'hectares, en plein centre ville et sont en état piteux alors que d'autres sont fermés ou loués à des Tour Operator comme c'est le cas de la chaine Tikida RIU. Avec un volume d'accueil qui oscillerait les 10 000 lits commercialisables après avoir frôlé les 32 000, il n'y a pas longtemps, on ne peut nullement faire du tourisme porteur, y compris les activités parallèles, comme les agences de voyages qui étaient de plus de 250 unités, alors qu'on pourrait compter aujourd'hui pas plus d'une vingtaine, la restauration qui broie du pain noir, les bazaristes qui finissent par mettre les clés sous le paillasson...