Après quelques mois de calme et de retenue, les provocations militaires et les ripostes entre Tel Aviv et Téhéran ont repris de plus belle, ce lundi 1er mars, lorsqu'en affirmant que «c'est clairement une opération iranienne», le premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a accusé l'Iran de l'attaque qui aurait été perpétrée, ce vendredi, dans le Golfe Persique contre le «MV Helios-Ray», un navire marchand israélien. Parti deux semaines auparavant du port israélien d'Eilat chargé d'automobiles, ce bateau qui battait pavillon des Bahamas mais qui ne figurait pas sur la liste des navires israéliens civils auxquels le « Shabak » (renseignement intérieur) fournit une assistance, avait été déchargé, mercredi, au port saoudien de Dammam avant de prendre la direction de Singapour. Mais si, aux dires de la société « Dryad Global » spécialisée dans la sécurité maritime, l'explosion aurait eu lieu au large du sultanat d'Oman, à la sortie du stratégique Détroit d'Ormuz par lequel transite une grande partie du pétrole mondial et où opère une coalition menée par les Etats-Unis, pour les analystes de défense de la presse israélienne, cette attaque aurait été planifiée de manière à n'infliger que des dommages limités puisque les 28 membres d'équipage, dont aucun n'était israélien, sont indemnes. Or, même si malgré les traces d'impact au-dessus de la ligne de flottaison, il n'était pas encore possible de savoir si le navire a été touché par une mine ou par un missile qui aurait traversé sa coque, Aviv Kohavi, le chef de l'armée israélienne a tenu à déclarer, ce dimanche, que cette attaque est venue rappeler au monde entier que l'Iran ne constitue pas seulement «une menace nucléaire mais qu'il mène (également) des actions terroristes contre des civils». Et si, pour Benny Gantz, le ministre israélien de la défense, le régime des Mollahs chercherait, à travers cette opération, à faire monter la pression pour une renégociation de l'accord de Vienne qui encadre son programme nucléaire, Benjamin Netanyahou s'est montré très incisif, ce lundi, en promettant de «frapper (l'Iran) partout dans la région» et de veiller, avec l'aide de (son ami) le président américain Joe Biden, à ce que la République iranienne ne puisse jamais disposer d'une arme nucléaire «que ce soit dans le cadre d'un accord ou pas». Démentant formellement toute intention de se doter de l'arme atomique, Téhéran, qui a adressé une sévère mise en garde à Israël, a «fermement» rejeté l'accusation du Premier ministre israélien. «Nous rejetons fermement cette accusation» car sa « source est elle-même la moins crédible qui soit; ce qui en montre l'invalidité» a déclaré, lors d'une conférence de presse donnée à Téhéran, Saïd Khatibzadeh, le porte-parole de la diplomatie iranienne qui a tenu à préciser, par ailleurs, que «si les israéliens veulent brandir cette accusation comme base pour créer de nouvelles tensions, nous les surveillerons et les suivrons de très près» de manière à leur répondre «au moment opportun». Porte-voix de la frange ultra-conservatrice du régime de Téhéran, le quotidien «Kayhan» a affirmé, pour sa part, que le navire israélien qui est, en fait, un «bateau-espion venu recueillir des renseignements sur le Golfe persique et la mer d'Oman» serait « probablement tombé dans le piège de l'une des branches de l'axe de la Résistance»; un axe regroupant l'Iran, la Syrie, le Hezbollah, le Hamas, certains groupes iraniens ainsi que les rebelles yéménites. S'agit-il d'un coup monté par les services israéliens afin d'empêcher toute renégociation de l'accord de Vienne ou d'une réelle attaque perpétrée par Téhéran via l'un ou l'autre des groupes qui lui sont inféodés pour montrer ses biscoteaux avant de s'asseoir à la table des négociations au titre d'une réactivation du JCPoA ? Attendons pour voir... Nabil El Bousaadi