Farid Mezouar* Pouvez-vous nous résumer en quelques lignes l'affaire Gamestop ? L'affaire ou la jurisprudence de GameStop est celle d'une chaîne de magasins de jeux vidéo, dont le cours a été multiplié plus d'une dizaine de fois grâce aux petits porteurs américains qui s'échangent leurs conseils sur un forum et qui ont lancé un bras de fer avec les vendeurs à découvert. Ce bras de fer avec les professionnels était aussi intéressé car ces particuliers ont forcé les vendeurs à découvert à déboucler leurs positions courtes, multipliant l'impact haussier du cours. En effet, les Hedge funds fixent souvent des Stop loss quand ils prennent des paris avec la vente à découverte des titres qui sont jugés surévalués. Quelles ont été les répercussions de cette affaire ? Les mêmes causes produisant les mêmes effets, ces boursicoteurs ont visé d'autres valeurs et même les minerais d'argent. Ainsi, en France, en une seule séance, le cours de la foncière, Unibail-Rodamco-Westfield s'est envolé de près de 20%. Aussi, la semaine dernière, après avoir titillé les 30 $/Oz (+25% en quelques séances), le cours de l'argent a perdu -11% à environ 26,6 $/Oz. De même, certains vendeurs à découvert comme Muddy Waters, ont réduit par précaution leurs positions vendeuses en Europe, de peur d'une contagion du phénomène Gamestop. Qu'en est-il du Maroc ? A mon avis, cette activité est quasi-inexistante au Maroc même au niveau des professionnels. En effet, les actions n'ont pas fait l'objet de prêt de titres durant le 3ème trimestre 2020. Or, pour vendre à découvert, il faut pouvoir emprunter des titres. Par ailleurs, dans l'absolu, l'investissement short en pariant sur la baisse du cours d'une valeur, est très difficile en l'absence d'une offre industrielle des options ou des produits dérivés. Enfin, les sociétés de bourse gardent le monopole du courtage en ligne, ce qui rend difficile le montage de plateformes de boursicotage à l'américaine. *(Directeur exécutif de flm.ma)