Pour Khadija Tililly Arouhal, poétesse et militante, le nouvel an Amazigh est une occasion pour fêter la terre autour des plats divers et savoureux montrant la richesse et la profondeur de la culture amazighe partagée avec les autres pays de l'Afrique du Nord. «C'est une fête célébrée aujourd'hui dans les quatre coins du monde ; là où se trouve essentiellement une diaspora amazighe.», a-t-elle dit. Et d'ajouter : «De nos jours, notamment avec cette prise de conscience identitaire, les citoyennes et citoyens en tirent une fierté de leurs origines, identité et culture.» Chaque nuit du 12 janvier, la fête bat son plein dans les foyers des amazighs, et ce en préparant des plats comme «Tagla» ou encore «Assida». Lors de ces célébrations, ajoute la poétesse, les femmes sont lesreines de la fête avec leurs beaux costumes et habits traditionnels colorés, et accompagnés de bijoux pour accueillir le nouvel an dans la joie et le partage. Comme à l'accoutumée, les amazighs célèbrent leur nouvel an (2971) tout en continuant les luttes pour reconnaitre ce jour comme fête nationale et jour férié, a-t-elle déclaré à Al Bayane. Selon Arouhal toujours, reconnaitre ce jour est un retour à la raison dans le but d'accompagner les avancées sur les plans juridiques et constitutionnels en matière de l'amazighe notamment après la Constitution de 2011. D'après la militante amazighe, les appels des amazighs, ayant milité et lutté depuis des décennies pour l'officialisation de l'amazighe, pour reconnaitre «Yennayer» comme fête nationale et jour férié tombent à chaque fois dans l'oreille d'un sourd. En effet, après avoir concrétisé le rêve de l'officialisation de l'amazighe dans la Constitution, et après 8 ans du blocage inexplicable, le gouvernement a timidement ‘'libéré'' cette loi organique, a-t-elle ajouté. Dans la foulée, les militants ont exprimé leur mécontentement concernant la façon avec laquelle cette loi a été conçue et présentée parce qu'elle a été réduite, selon ses dires, à une reconnaissance symbolique dans le but de faire taire les voix qui ont largement critiqué la version de ladite loi. «Les voix des militantes et militants se sont levées également pour pointer du doigt sur le projet de loi 04.20 relative à la carte nationale d'identité électronique (CNIE) dont la version ne répondait plus aux attentes des amazighs.», a-t-elle affirmé. Et d'ajouter : «cette nouvelle CNIE est inconstitutionnelle pour avoir exclu la langue amazighe.» Il faut l'avouer, le choix démocratique, a-t-elle rappelé, ne peut pas se concrétiser sans une véritable volonté de tous acteurs concernés au-delà, bien entendu des surenchères politiques freinant l'avancement et le développement de l'amazigh. «Aujourd'hui, nous sommes devant le défi du nouveau modèle de développement sur lequel le Maroc mise pour gagner le pari de développement sur tous les plans dont l'amazighe en fait partie, et ce respectant les droits culturels et linguistiques.», a-t-elle souligné.