Bien que la République Centrafricaine soit en situation de guerre civile depuis plus de 7 ans et que le pays soit encore, aux deux-tiers, contrôlé par des groupes armés rebelles, les querelles intestines y ont, tout de même, baissé d'intensité ces deux dernières années si bien que le 27 décembre prochain, 1,8 millions d'électeurs seront appelés aux urnes pour le premier tour des élections générales – présidentielle et législatives – afin de désigner un nouveau président parmi les 17 candidats en lice et les 140 députés de l'Assemblée nationale. Mais si tous les observateurs étrangers s'étaient accordés, dès le départ, pour reconnaître comme favori, le président sortant Faustin Archange Touadéra, leur pronostic a été renforcé lorsque, le 3 décembre dernier, la Cour Constitutionnelle a invalidé la candidature de son plus grand rival, l'ancien président François Bozizé visé par un mandat d'arrêt émanant de la justice centrafricaine après sa chute en 2013 et accusé, par l'ONU, d'avoir organisé la contre-insurrection des anti-balaka, ces milices essentiellement chrétiennes et animistes reconnues coupables de « crimes de guerre et crimes contre l'Humanité ». Après son exclusion de la course à la présidentielle, l'ancien président François Bozizé a appelé l'opposition à s'unir autour de l'ancien Premier ministre Anicet-Georges Dologuélé pour battre le président sortant Faustin Archange Touadéra. Mais, en voyant qu'après avoir lancé cet appel, François Bozizé a rejoint son fief du nord-ouest du pays où, d'après certaines sources, il aurait rencontré les chefs de plusieurs groupes armés, le gouvernement l'a aussitôt accusé d'avoir l'intention manifeste de marcher, avec ses hommes, sur Bangui ; ce qui, pour Maxime Kaagui, le porte-parole du gouvernement, serait une « entreprise suicidaire entreprise dans le but de remettre en cause la décision de la Cour Constitutionnelle». Ces propos ont été immédiatement condamnés par le porte-parole du Kwa Na Kwa, le parti de l'ancien président, qui rappelle que le gouvernement qui accuse, à tort, François Bozizé de «préparer un plan de déstabilisation du pays» a toujours cherché, de son côté, à «porter atteinte à l'intégrité physique et politique» de ce dernier. Mais en «considérant l'échec patent» de l'accord de paix de Khartoum du 6 Février 2019, trois des quatorze groupes armés signataires de cet engagement se sont déclarés prêts à « rétablir la sécurité sur l'ensemble du territoire national (par) tous les moyens y compris des moyens de coercition (si) le pouvoir s'obstine à manipuler l'organisation du scrutin pour faire un hold-up électoral» ? Autant dire que si le président sortant Faustin Archange Touadéra venait à user de fraude pour essayer se maintenir en place pour un second mandat, il fermerait la porte à tous les espoirs de paix et le pays qui, ces derniers temps, avait laissé entrevoir l'imminence d'une «stabilisation» sociale et politique, replongera, inévitablement, dans les affres de la guerre civile. Quel vent va souffler sur Bangui après le 27 Décembre prochain? Attendons pour voir...