Pays phares dans leurs régions respectives, le Maroc et le Brésil ont donné durant l'année qui touche à fin, la mesure de leur rapprochement politique et de leur entente diplomatique à travers un soutien mutuel à leurs intérêts politiques et économique, mais aussi en élargissant davantage l'éventail de la coopération bilatérale. La dernière manifestation de ce rapprochement inédit fut la position claire prise par le pays-continent en faveur de l'intervention du Maroc pour rétablir la circulation civile et commerciale à El Guerguerat. Le Brésil a été le premier pays sud-américain à appeler à garantir sans entrave le trafic et les flux commerciaux via le passage frontalier, bloqué par les milices du polisario pendant trois semaines dans des actes qui nourrissaient la « préoccupation » de Brasilia. Aussi, le pays sud-américain a réitéré par l'intermédiaire de son ministère des Relations extérieures son appui au processus onusien visant une solution politique juste et mutuellement acceptable, appelant au respect du cessez-le-feu. En fait, le Brésil exprime à chaque fois son soutien aux efforts « sérieux et crédibles » du Maroc pour résoudre ce conflit artificiel, à travers une solution réaliste et mutuellement acceptable. Le bon niveau des relations de coopération entre le Royaume et le Brésil, première économie sud-américaine, a été salué par le président Jair Bolsonaro qui a qualifié le Maroc de partenaire « stratégique », tout en se félicitant de l' »important rapprochement politique » avec le Maroc. M. Bolsonaro a souligné, lors du Forum économique Brésil-Pays arabes organisé en octobre dernier, que le Maroc est un partenaire « essentiel » notamment pour l'agro-business brésilien, se félicitant l'accord de facilitation des investissements signé en 2019 entre le Royaume et le Brésil et qui a donné un nouvel élan à la coopération économique. En effet, les deux pays connaissent une dynamique d'échanges commerciaux sans précédent ces dernières années. Entre janvier et juillet 2020, le Maroc a exporté 600 millions USD de produits vers le Brésil, soit une hausse de 20%. De son côté, le Brésil a lui aussi hissé ses exportations vers le Maroc de 35% à 320 millions USD, le Royaume dégageant un excédent commercial de 280 millions de dollars avec le pays sud-américain, devenu l'un des principaux clients du Maroc. Pour capitaliser sur cette dynamique et en élargir l'éventail, les deux parties ont signé plusieurs conventions portant notamment sur le cadre juridique bilatéral et la facilitation des affaires. Il faut dans ce sillage noter que les exportations marocaines vers le Brésil se diversifient de plus en plus, même si le phosphate en reste le pilier. Pour illustrer, le Maroc a été le premier exportateur arabe de produits textile vers le Brésil durant le premier semestre 2020, avec un volume de 6,99 millions USD, bien que les ventes du Royaume aient marqué une baisse de 48% en glissement annuel. Le phosphate marocain reste lui d'une importance stratégique pour le Brésil, un pays à grande vocation agricole qui aspire à faire exploser sa production dans les années à venir. Dans ce sillage, l'enjeu principal est que le Maroc sert de plateforme économique pour un plus grand accès du Brésil en Afrique et dans le monde arabe et que le Brésil crée de réelles opportunités pour le Royaume en Amérique latine. Il s'agit là d'un autre volet prometteur de la coopération, dans le cadre notamment du projet d'intégration économique entre le Royaume et le Marché commun du Sud (Mercosur, Argentine, Brésil, Paraguay, Uruguay). Le Brésil cherche à accélérer la signature d'un accord de libre-échange avec le Maroc en vue de donner un grand élan aux échanges commerciaux, une volonté réitérée par le secrétaire spécial du Commerce extérieur et des Affaires internationales du ministère de l'Economie, Roberto Fendt. Pour en arriver là, le cadre juridique est d'une importance cruciale. Le ministre brésilien de la Justice et de la Sécurité publique, André Mendonça avait exprimé en septembre dans une déclaration à la MAP son attachement résolu à consolider la coopération juridique et sécuritaire avec le Maroc. Force est de constater à la lumière de tous ces éléments que la sécurité alimentaire et la chaîne logistique s'imposent comme des piliers essentiels pour un partenariat stratégique entre les deux pays, sans oublier moult opportunités qui s'offrent dans d'autre domaines d'intérêt commun. Pour le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l'étranger, Nasser Bourita, qui est intervenu également lors du forum Brésil-Pays arabes, « le Maroc aspire à devenir un partenaire de référence du Brésil en Afrique et en méditerranée ». D'autre part, les deux pays maintiennent aussi des échanges universitaires et culturels réguliers à travers la participation de part et d'autre à des événements d'envergure. Les deux pays, liés par des relations de près de 130 ans, sont conscients de la nécessité de passer à la vitesse supérieure dans la diversification de la coopération, mettant à profit leur protagonisme géopolitique croissant en vue de constituer le « pilier de la construction d'une nouvelle identité atlantique ».