Le Maroc et le Brésil se sont engagés à développer durablement leurs relations commerciales. Au-delà des investissements, ils comptent tirer des avantages réciproques de leur situation géographique. Dans la conjoncture internationale que l'on connaît, chaque pays essaie tant bien que mal de tirer son épingle du jeu. La coopération sud-sud devient alors d'autant plus d'actualité. Comment donc un pays comme le Maroc peut-il profiter de l'expérience brésilienne, et inversement ? Lorsqu'ils se sont réunis la semaine dernière dans le cadre de la tenue du forum maroco-brésilien, les ministres du Commerce extérieur respectifs des deux pays, Abdelatif Maazouz et Miguel Jorge ont signé un mémorandum pour la promotion du commerce et de l'investissement. Voilà un pas déjà de fait. Plus de 100 entrepreneurs brésiliens se sont déplacés afin d'identifier les possibles coopérations entre les deux pays. Abdellatif Maazouz a mis en exergue «la variété des secteurs aussi bien classiques que novateurs qui peuvent être susceptibles d'échanges commerciaux, de partenariats ainsi que d'investissements». Cet accord vise à partager les compétences de chacun et les avantages qu'ils auront à tirer d'une coopération mutuelle et réciproquement profitable. Le Maroc pourrait tirer des enseignements du Brésil. Il est, par exemple, le premier pays constructeur de jets régionaux et ses connaissances dans le secteur aéronautique sont à partager avec le Maroc dont l'activité est en train de décoller. Le décor est planté. «Il est possible d'investir plus sur le marché marocain avec une large marge de manœuvre», soutient Miguel Jorge, Ministre du développement, de l'industrie et du commerce extérieur. D'ailleurs, le Brésil compte augmenter de manière générale ses investissements de 15% dans les secteurs dynamiques entre 2008 et 2011. Le Maroc pourrait en drainer une partie. De même, il pourrait aussi se comporter comme un investisseur direct étranger sur le sol brésilien et suivre la tendance selon laquelle ce pays américain engendre de plus en plus d'IDE. Entre 2007 et 2008, ces investissements-là sont passés de 34,6 à 41,7 milliards de dollars, soit une augmentation de plus de 20%. Deux situations géographiques à forts potentiels Aujourd'hui, le Royaume constitue pour le Brésil le 51ème partenaire commercial en termes d'exportation avec 512 milliards de dollars en 2008 dont l'agro-alimentaire constitue les principaux produits. Quant aux importations, le Maroc fournit principalement à ce pays de l'Amérique latine les produits dérivés du phosphate. Au-delà des expériences et des échanges commerciaux, le Brésil et le Maroc ont tenu à mettre en avant les intérêts de leurs pays par leur position géographique. Le Brésil avec son territoire le plus vaste de l'Amérique du sud compte pas moins de la moitié de la population sud-américaine avec 189,3 millions d'habitants. Le développement économique du pays, sa demande intérieure et ses nombreuses frontières sont une terre fertile pour les débouchés des produits marocains. Par l'intermédiaire du Brésil, c'est toute la zone du marché commun du sud qui est visée grâce à un accord de libre-échange avec le Mercosur. A terme, cet accord devrait voir la création d'une zone de marché commun. Le Maroc est quant à lui vu par les brésiliens comme un territoire qui ouvre des opportunités. C'est probablement pour cette raison que la délégation qui s'est rendue au Maroc voit en la rencontre une «mission commerciale en Afrique du Nord ». Cette dernière ne laisse pas de doutes sur les points forts mis en avant. Le Maroc a joué la carte de la proximité de l'Europe et de ses marchés tout en rappelant la situation d'ouverture vers l'Afrique et son milliard de consommateurs potentiels. Pour affirmer la capacité du pays à accueillir les entreprises et investissements étrangers, les représentants du Maroc ont insisté sur la politique de développement des infrastructures de qualité afin d'offrir de véritables perspectives au Brésil, aussi bien en termes d'implantations que de débouchés. ■