Ça passe ou ça casse pour Zinédine Zidane: le Real Madrid, qui a franchi la phase de poules de Ligue des champions de manière ininterrompue depuis 1997, reçoit le premier du groupe B, le Borussia Mönchengladbach, pour tenter d'arracher son ticket. Jamais meilleur que quand il est au dos au mur, Zidane, sur la sellette après la déroute madrilène à Kiev face au Shakhtar Donetsk (2-0) la semaine dernière, s'est offert une respiration après la victoire des siens à Séville (1-0) samedi… mais le Français doit impérativement qualifier le Real s'il veut conserver sa place sur le banc merengue. Pour décrocher ce billet pour les 8es, le Real devra l'emporter à domicile contre l'équipe surprise du groupe. Un nul pourrait lui suffire si le Shakhtar venait à s'incliner à San Siro contre l'Inter Milan au même moment. Et en cas de revers, l'élimination est assurée. Dans ce dernier cas, Zidane pourrait voir son deuxième mandat madrilène écourté par la C1, la compétition qui l'a fait roi lors de son premier passage sur le banc (trois trophées de 2016 à 2018). « Je n'ai jamais pensé que j'étais intouchable. Jamais. Ni en tant que joueur, ni en tant qu'entraîneur, ni en tant que personne », a dédramatisé « Zizou » vendredi en conférence de presse. « J'ai fait plusieurs saisons ici, ça a toujours été difficile. Aujourd'hui, parce que c'est le présent, on a envie de dire que c'est le (moment) le plus difficile, c'est comme ça. Je me sens fort pour trouver des solutions avec mes joueurs », a affirmé le technicien né à Marseille. Il a encore en tête le scenario haletant du match aller en Allemagne: alors que l'illustre Real Madrid était mené 2-0 jusqu'à la 87e par « Gladbach » sur un doublé du jeune international français Marcus Thuram (33e, 58e), Karim Benzema (87e) puis Casemiro (90e+3), avaient ramené la « Maison blanche » à hauteur pour un nul inespéré. « Oui, au regard du prochain match, c'était important pour nous de marquer des points (samedi contre Séville), de refaire enfin un bon match… Ça a été un moment un peu compliqué dernièrement, donc il faut en profiter, être satisfaits, et continuer », a affirmé l'ancienne star des Bleus. Friand de ces matches à gros enjeu, Zidane avait déjà réussi à redresser la barre in-extremis la saison passée: le 6 novembre 2019, alors qu'il était déjà proche de l'éviction selon la presse espagnole et qu'il devait absolument l'emporter contre Galatasaray en Ligue des champions pour sauver sa place… ses hommes avaient déroulé 6-0, puis avaient enchaîné 21 matches sans défaite toutes compétitions confondues. Le succès étriqué sur le terrain de Séville samedi a apporté du baume au coeur de « ZZ », qui devra peut-être composer sans Dani Carvajal, sans doute sans Fede Valverde, et surtout sans son attaquant-star Eden Hazard, encore blessé, à la cuisse droite cette fois. Mais pour ce match couperet, Zidane pourra compter sur son capitaine et véritable porte-parole sur le terrain, Sergio Ramos. Touché à une cuisse lors du mémorable Espagne – Allemagne (6-0) du 19 novembre dernier, Ramos a mis deux semaines et demi pour revenir, mais sera finalement sur pied pour diriger son équipe. « Il revient pour la +finale+ », a titré lundi à sa Une Marca, le journal le plus vendu d'Espagne, avec une photo de Ramos à l'entraînement. Alors que les supporters attendent toujours que soit officialisée la prolongation de son contrat s'achevant en 2021, Ramos, malgré sa blessure, a été présent ces trois dernières semaines auprès de son groupe malade, et de son entraîneur en danger. « Les joueurs, ce qu'ils veulent, c'est jouer. Ils m'ont toujours montré leur soutien. On l'oublie parfois, mais ce sont les premiers à être mécontents. On va se serrer les coudes et se sortir de cette mauvaise passe », a promis Zidane vendredi. D'une 24e qualification consécutive dans le top 16 européen dépendra sans doute l'avenir sur le banc merengue d'un « Zizou » sublimé par l'enjeu.