Zinédine Zidane a ramené le Real Madrid au sommet de la Liga avec un 34e titre de champion d'Espagne, le premier depuis celui conquis en 2017 par l'entraîneur français, qui brise de nouveau l'hégémonie du FC Barcelone. Après deux ans de règne de l'ennemi juré barcelonais, le Real a reconquis la couronne d'Espagne en battant Villarreal 2-1 jeudi pour la 37e journée grâce à un doublé de l'avant-centre français Karim Benzema (29e, 76e). Et la bande à « ZZ » lorgne déjà sur la Ligue des champions, en août, pour un doublé historique en cette saison bouleversée par la pandémie de nouveau coronavirus. A une journée de la fin du championnat (dimanche), le Real ne peut plus être rattrapé par le Barça: les Catalans, qui voient enfin le bout d'une saison cauchemar sans aucun trophée national, ont été défaits 2-1 par Osasuna ce jeudi soir au Camp Nou, et comptent sept points de moins que les Madrilènes, mathématiquement champions. « Je ne suis pas tellement expressif, mais à l'intérieur, je suis très heureux », a confié Zidane, ivre de joie et presque ému aux larmes, jeudi soir en conférence de presse d'après-match. « La Liga est très difficile à gagner, et je disais toujours que rien n'était encore gagné. Mais aujourd'hui oui, c'est gagné, alors je peux sortir mon plus beau sourire », a savouré « Zizou ». Avec ce nouveau sacre, c'est un alchimiste du football qui est récompensé: revenu au Real en mars 2019, après un premier mandat couronné de succès (2016-2018) puis neuf mois sabbatiques, Zinédine Zidane (48 ans) avait repris une équipe blanche à la dérive. En un an, le Français en a fait une machine à gagner qui lui a offert son 11e titre sur 16 possibles à la tête de la « Maison blanche ». Ce sacre-là aura à jamais un goût particulier: le Real restera le champion d'une édition mémorable de la Liga, chamboulée par la pandémie de nouveau coronavirus qui a interrompu la compétition pendant trois mois entre mars et juin, et qui a obligé les joueurs à une fin de saison en mode tournoi, avec des matches tous les trois jours, à huis clos et sous l'accablante chaleur de l'été espagnol. Et pour le technicien marseillais, désormais double champion d'Espagne, ce titre a une saveur toute particulière: « ZZ » a encore dit jeudi soir que la Liga est la compétition « la plus difficile à gagner », plus encore que la Ligue des champions. Celle qui demande le plus de constance dans l'effort, celle qui transige le moins avec l'approximatif. « Il y a un chanteur qui disait que le bonheur ne fait pas de bruit (« On reconnaît le bonheur au bruit qu'il fait quand il s'en va », de Jacques Prévert, ndlr), mais à l'intérieur, je peux vous dire, vraiment, je suis la personne la plus heureuse ce soir », s'est ému le technicien marseillais en conférence de presse d'après-match, jeudi soir. Après un parcours irrégulier mais impressionnant de solidité depuis la reprise de la compétition le 11 juin avec dix victoires en dix matches, la délivrance est arrivée à 22h58 ce jeudi soir, sur le terrain à huis clos du modeste stade Alfredo Di Stéfano, au centre d'entraînement de Valdebebas. Avec un premier but de l'inévitable Karim Benzema (29e), qui a suivi une récupération de Casemiro et une passe décisive de Luka Modric, puis un pénalty de l'avant-centre français (76e) pour son 21e but en Liga cette saison, on a cru par moments voir le Real Madrid de 2017, qui avait réussi un magnifique doublé Liga – Ligue des champions… avant la réduction du score de la tête de Vicente Iborra (84e). Joueur légendaire de la « Maison blanche », Zidane est en train de prolonger son mythe en tant qu'entraîneur du « meilleur club du XXe siècle », selon un trophée décerné par la Fifa… mais n'est « pas du tout » au niveau du joueur qu'il a été, selon ses dires après le match, jeudi. Quand le Real était à la traîne en début de saison, son retour sur le banc merengue a été remis en question par la presse espagnole et les supporters. Après le terrible 7-3 essuyé contre l'Atlético lors d'un match amical de présaison, le Real n'a remporté que cinq de ses neuf premiers matches de Liga. Mais après une défaite 1-0 à Majorque le 19 octobre, les Madrilènes ont lancé la machine, enchaînant 21 matches sans perdre. Avec ses cadres habituels (Karim Benzema, Sergio Ramos, Luka Modric, Toni Kroos) et des greffes réussies de nouveaux joueurs (Eden Hazard, Thibaut Courtois, Fede Valverde, Ferland Mendy, Rodrygo…), Zidane, meneur d'hommes hors-pair, a fait taire les critiques qui pointaient son manque de sens tactique. Un entraîneur d'élite, qui récolte trophée sur trophée. Une défense intraitable, la meilleure des cinq grands championnats européens. Un Karim Benzema qui a parfaitement suppléé Cristiano Ronaldo (parti à la Juventus Turin en 2018) sur le front de l'attaque merengue, et qui talonne Lionel Messi au classement des meilleurs buteurs de Liga (23 buts pour Messi, 20 pour Benzema), au point d'être déjà cité parmi les candidats du Ballon d'Or 2020… L'Europe est prévenue: Zidane a rebâti le Real. Et la Ligue des champions, remportée trois fois en trois ans (2016-2018), l'entraîneur français la connaît…