La transformation numérique de la communication La présidente de la Haute Autorité de la Communication Audiovisuelle (HACA), Mme Latifa Akharbach a souligné, jeudi, que face à la transformation digitale des médias, «le service public de l'audiovisuel doit se réinventer pour mieux vivre». «L'intérêt croissant et renouvelé dont est l'objet le service public des médias est l'une des conséquences de l'explosion de la communication numérique», a expliqué Mme Akharbach qui s'exprimait lors de la conférence du Réseau Francophone des régulateurs des Médias, organisée par visio-conférence à l'initiative de la Haute Autorité Indépendante de la Communication Audiovisuelle de Tunisie. Elle a ajouté que l'explosion de la communication numérique a rendu plus audibles et plus visibles les populismes de toutes sortes, les théories complotistes, les infox et de multiples autres pratiques de manipulation induites par la «plateformisation» spectaculaire de l'espace informationnel global. La responsable, qui assure aussi la vice-Présidence du Réseau des Instances Africaines de Régulation de la Communication, a mis l'accent sur la perspective particulière des régulateurs des médias par rapport à cette question en soulignant que leur rôle est, entre autres, «de faire prévaloir l'intérêt général, de préserver les valeurs de cohésion sociale dans les contenus médiatiques et de protéger le public des médias». «C'est pourquoi, a-t-elle expliqué, le renforcement du service public est pour le régulateur une nécessité stratégique à l'âge de l'abondance médiatique et du chaos éditorial organisé par les plateformes». Concernant la finalité et les contraintes de l'offre culturelle des médias publics, Mme Akharbach a affirmé que «la culture devrait être un domaine d'excellence du service public : sa vocation, sa mission, ses archives, son ancrage territorial lui permettent d'être un outil de rayonnement des expressions culturelles, du patrimoine et des terroirs». Elle a toutefois regretté que les budgets et les moyens manquent souvent pour permettre aux radios et télévisions publiques d'assurer leurs missions en matière de production culturelle originale. Malgré cette situation, elle a estimé que la réussite reste possible en donnant un aperçu de la dynamique de production des fictions télévisuelles lancée à partir de 2006 au Maroc. Les interventions des différents panélistes ont abordé les questions de la définition du mandat de prestation des médias de service public, les approches adoptées pour mesurer et vérifier l'accomplissement de ce mandat ainsi que les diverses initiatives de soutien au développement de la création et de la production Audiovisuelles. Cette conférence, tenue à distance et diffusée en live sur «Facebook», a été organisée sur le thème «Comment définir et soutenir les prestations de qualité de la part des médias de service public, notamment dans le domaine culturel ?», avec le soutien du Conseil Supérieur de l'Audiovisuel de la Fédération Wallonie-Bruxelles et de l'Office Fédéral de la Communication en Suisse. S'inscrivant dans le cadre de la mise en œuvre de la feuille de route 2020-2021 du REFRAM, cette manifestation a vu la participation de plusieurs instances de régulation d'Afrique et d'Europe, des dirigeants de grands groupes audiovisuels publics et de nombreux experts et chercheurs de renom dans le domaine des médias et de la régulation. Créé à Ouagadougou en juillet 2007, le REFRAM, dont la HACA est membre actif, a pour but de renforcer la solidarité et les partages entre ses membres comme il constitue un espace de débats et d'échanges d'informations sur les questions concernant la régulation des médias et contribue aux efforts de formation et de coopération. La consolidation de l'Etat de droit, de la démocratie et des droits de l'Homme est au cœur de la vocation du REFRAM, qui est l'un des quinze réseaux institutionnels soutenus par l'Organisation internationale de la Francophonie.