Fouzia Nejjar, qui fait partie de la nouvelle vague des peintres des années 2000, est difficile à étiqueter pour la simple raison qu'elle ne cesse de se réinventer en tâtant de tous les genres picturaux. Cette crise sanitaire, n'a pas eu raison de sa pugnacité, puisqu'elle met un point d'honneur à ce que chaque jour soit un nouvel émerveillement et un renouveau dans son atelier. L'artiste-peintre s'est imposé un double défi, d'abord mettre un point d'honneur à perpétuer la tradition artistique de sa famille dont le père Mohamed Nejjar était un éminent ébéniste designer, ensuite prendre le relais de sa sœur feue Fatiha Nejjar artiste-plasticienne, décédée en 2013, à la fleur de l'âge, après nous avoir gratifiés d'une œuvre remarquable, et inscrit son nom sur le livre Guinness des records avec une toile minuscule. C'est avec beaucoup d'émotion que Fouzia évoque souvent le souvenir de Fatiha, si bien qu'elle a l'impression que celle-ci n'a pas tiré sa révérence et qu'elle continue à lui tenir compagnie dans son atelier où elle peint sous son regard bienveillant. Aussi, chaque toile élaborée par Fouzia constitue-t-elle une sorte d'hommage à la défunte. Fouzia NEJJAR, qui fait partie de la nouvelle vague des peintres des années 2000, est difficile à étiqueter, elle s'évertue à rester libre comme l'air, libre comme l'art, pour pouvoir se réinventer en tâtant de tous les genres picturaux : l'action painting ou la peinture gestuelle, clin d'œil au grand pionnier Jilali Gharbaoui, à travers quelques tableaux où nous retrouvons des formes rageusement superposées, sur un fond bleu, la figuration avec des toiles reproduisant des femmes prises de profil, ou dont on voit uniquement la moitié du visage en raison de leur pudeur, de leur marginalisation ou encore de la violence dont elles sont victime. L'auteur nous transporte aussi dans un monde onirique, en adoptant une technique surréaliste consistant à reproduire des fragments de corps, notamment des visages qui nous foudroient de leur regard. Peut-être s'agit-il ici d'une quête ou une tentative de construction d'identité dans un univers où l'individu, qui peine à se définir et à se reconnaître, finit par admettre qu'il n'est qu'un sous-individu. Ces corps fragmentés et les formes rageusement reproduites sur la toile nous font penser un peu à la notion du chaos germe très cher au philosophe Giles Deleuze. Mais si on réfléchit bien à l'ensemble des œuvres de Fouzia, qui ressortissent à plusieurs tendances picturales, on pourra supposer que l'artiste veut tout simplement nous montrer les différentes étapes de la création picturale, d'abord le grand chaos (au sens deleuzien du terme) ensuite des formes évanescentes émergeant de la toile, avant qu'elles ne prennent un aspect clairs et définitifs sous la forme de paysages, de silhouettes féminine ou masculine. L'artiste utilise une large palette de couleurs pour traduire ses différents états d'âme, qui vont de la mélancolie (tonalité sombre) à l'euphorie (tonalité gaie) en passant par l'ironie ou la dérision, comme en témoigne son tableau représentant Adam et Eve, épousant la forme d'un violoncelle voguant à bord d'une pirogue, au rythme envoûtant du piano. Décidément, l'artiste est persuadée, en ces temps maussades de pandémie, que nous n'avons pas besoin uniquement de civisme, de mesures prophylactiques, mais surtout d'humour raffiné, de poésie, et de peinture pour colorer notre quotidien. En dehors de l'ironie ou la dérision, Fouzia emploie le procédé de la mise en abyme, notamment dans le tableau où se superpose une multitude de toiles qui semblent s'interroger, sous le regard admiratif et ravi de l'auteur et du spectateur, qui tente de partager ces interrogations, en faisant sienne la formule de Paul Claudel «l'œil écoute», cet œil qui écoute, à juste titre, la voix audible des tableaux. A en croire l'artiste, cette crise sanitaire, n'a pas eu raison de sa pugnacité, si bien qu'elle met un point d'honneur à ce que chaque jour soit un nouvel émerveillement et un renouveau dans son atelier. Aussi, projette-t-elle de participer incessamment à une exposition grandiose à Malaga, en hommage à l'éminent peintre Picasso.