Offensive contre le «séparatisme islamiste» d'Emmanuel Macron L'offensive contre le «séparatisme islamiste» d'Emmanuel Macron n'a pas convaincu à droite comme à gauche, où on juge le discours du chef de l'Etat hors sujet, quand la majorité salue au contraire «une expression forte loin des caricatures». Le Rassemblement national et une partie de la droite tirent à boulets rouges sur les propositions du chef de l'Etat exposées vendredi matin aux Mureaux (Yvelines). «Ce texte sera un coup pour rien», pronostique le député LR, Eric Ciotti à propos du futur projet de loi. Au RN, le député du Nord Sébastien Chenu critique des mesures «timides et parfois inquiétantes» tandis que Gilbert Collard, député européen, salue «un bon programme» mais «détruit de l'intérieur» par le rôle confié au Conseil français du culte musulman qu'il estime «noyauté» par les Frères musulmans. «Pas un mot sur l'immigration massive qui est le terreau du communautarisme», ajoute le RN dans un communiqué. A gauche, les réactions sont plus nuancées, quant au constat dressé par le chef de l'Etat, mais on estime que les solutions avancées par le président ne s'attaquent pas aux vraies causes. Le patron du Parti socialiste Olivier Faure admet que les propositions présidentielles «évitent le piège de la stigmatisation de toute une religion» mais regrette l'absence d'une inflexion de la politique économique et sociale. «Emmanuel Macron pose un diagnostic plutôt juste sur les faiblesses de notre République mais réduit ses réponses à l'islam. Rien sur les quartiers que la République abandonne», observe le député PCF de la Seine-Saint-Denis, Stéphane Peu. Chef de file de LFI, Jean-Luc Mélenchon a fustigé pour sa part le «caractère hypocrite et malfaisant» du discours d'Emmanuel Macron, lors d'un déplacement dans le Doubs. «Le discours sur le séparatisme, c'est une mise une scène dramatisante absolument inutile: la loi telle qu'elle est aujourd'hui permet de réprimer les actes délictueux tels que d'éventuels prêches, de quelque religion que ce soit, contre la République ou appelant à la violence», a poursuivi M. Mélenchon. Selon lui, M. Macron «épouse une certaine opinion dans le pays» qui estime que «tous les problèmes viennent de l'islam». La majorité loue à l'inverse une «expression forte et loin des caricatures», selon le délégué général de LREM, Stanislas Guérini. «Le Président de la République n'élude, ni ne caricature, ni ne minimise la menace. Il propose des solutions concrètes et quotidiennes», estime le Modem. «Les députés démocrates sauront se montrer à la hauteur de la vision du Président de la République», promet le parti centriste alors que l'examen au Parlement de la future loi promet d'aiguiser les tensions au sein du groupe majoritaire. «Dur contre les radicaux et protecteur des modérés. Si dans nos débats, nous restons à la hauteur, alors oui, nous réussirons», promet Sacha Houlié, député LREM de la Vienne. Le futur projet de loi contre les séparatismes doit être présenté le 9 décembre avant d'être débattu en 2021, au Parlement. Réaction d'Al Azhar De son côté, Le centre égyptien de recherche, Al-Azhar, a qualifié de «raciste» le discours du président français Emmanuel Macron contre le «séparatisme islamiste», dénonçant des «accusations» visant l'islam. Dans un communiqué publié samedi soir, le Centre de recherches islamiques d'Al-Azhar basé au Caire «rejette vivement les déclarations du président français Emmanuel Macron» qu'il qualifie de «fausses accusations envers l'islam». Selon l'institution, «de telles déclarations racistes sont de nature à enflammer les sentiments de 2 milliards» de musulmans dans le monde. Elle dénonce «une confusion erronée entre la réalité des valeurs auxquelles appellent les religions, comme le rapprochement entre les êtres humains, et l'exploitation par certains (extrémistes) des textes de ces religions pour réaliser leurs objectifs néfastes». Le Centre appelle également à «cesser les attaques contre les religions» afin de ne pas consolider «le discours de la haine».