Le discours solennel du Roi, adressé au peuple marocain, fut, comme à l'accoutumée, empreint, de bout en bout, de clarté et de rigueur. D'un ton aussi vibrant que saisissant et mobilisateur, le propos du Souverain allait droit au cœur et à la conscience collective de ses compatriotes, non pas pour les admonester, disait-il au passage, mais leur ragaillardir le sens de responsabilité dont ils avaient fait montre, au début de la pandémie. Au fait, après avoir mis en exergue cette période retentissante de solidarité et de bravoure où l'effort de l'Etat et du peuple en parfaite symbiose, avait fait sensation, Sa Majesté appelle à rebondir plus vaillamment pour éviter l'aggravation de la propagation du virus, jusqu'ici présentant des signes d'appréhensions exaspérantes. Estampé de pédagogie et de feeling de haute affabilité, le discours Royal s'est montré non pas «inquisitorial», envers les concitoyens nonchalants ces temps-ci, mais révélateur d'un constat morose qu'il va falloir résolument aplanir au plus vite. Le relâchement inquiétant de nombre de négligents, a attisé une escalade exponentielle de l'épidémie et flanqué l'ensemble du royaume dans le désarroi et l'épouvante. Il est bien clair que la responsabilité de cette crue virale incombe aux actes irréfléchis de pas mal d'imprudents qui font fi aux mesures préventives décrétées par les pouvoirs publics. Toutefois, il serait plus juste d'endosser cette recrudescence aux déficiences de l'exécutif, entachées de confusion au point de susciter réticence et désaffection au sein des populations, devenues «récalcitrantes» à son égard. Le fait de maintenir la fête du sacrifice fut une erreur gravissime, puisqu'on en récolte à présent, les répercussions fâcheuses. Il fallait anticiper l'annulation de ce rituel et procéder à l'assistance au profit des petits éleveurs de cheptel qui seraient endommagés à cet effet. Par ailleurs, on rappellera aussi cette nuit cauchemardesque qu'avaient endurée des nuées de citoyens des huit villes jugées «pathogènes», en se précipitant en catastrophe sur le temps imparti trop restreint. On pourrait citer de multiples bavures dans ce sens, mais on préfère y renoncer de crainte de tomber dans la redondance fastidieuse. On se limitera à ce lot sans enfoncer davantage le clou dans la plaie, alors que l'appel Royal se focalise sur la nécessité de se ressaisir pour épargner un nouveau confinement sanitaire qui serait fatal tant au niveau de ses retombées mentales et sociales sur les ménages que des incidences désastreuses sur l'économie nationale. L'exhortation Royale est sans ambages, puisqu'elle met en garde, avec fermeté, les attitudes écervelées et inconscientes des foules, tout en appelant à recouvrer la même «passion» collective de vaincre le virus, dans la mobilisation extrême et la complicité infaillible. Il faut dire que liberté ne saurait jamais empiéter sur la responsabilité, car tout en se sentant libre en soi, on pourrait également se sentir responsable vis-à-vis de la patrie. Le marocain aspire toujours à la liberté, il en est même l'essence, au temps de l'ère Amazigh qui honorait la naissance du royaume du Maroc. Ne dit-on pas qu'en visitant le sud du pays en 1871, le sculpteur français Frédéric Auguste Bartholdi qui a conçu la fameuse statue de la liberté à New York, a eu l'idée de coiffer ce célèbre monument comme la femme Amazighe, surtout quand il a appris que le terme «Amazigh» signifiait «homme et femme libre» ? Dans ce sens, tout en étant adepte de la liberté, le marocain et la marocaine peuvent être aussi partisans de la responsabilité!