L'Institut français d'Agadir (IFA) a organisé, vendredi à Agadir, les «Rencontres Imazighen», avec exposition et vente des produits du terroir, des prestations musicales des troupes Iguidar, Imghrane et Fatima Tabaâmrant. Une conférence a été animée par Abdallah Salih autour de «l'histoire des Imazighen : l'apport rupestre» et Ahmed Boukous sur «la culture amazighe : enjeux et défis d'une reconnaissance». Le modérateur n'est autre que le doyen de la faculté des lettres et sciences humaines d'Agadir, Ahmed Sabir. La communication du recteur de l'IRCAM a particulièrement retenu l'attention de l'auditoire qui a intensément pris d'assaut la salle de l'Institut, vendredi dernier. En effet, le recteur a tenu un discours clair et réaliste de bout en bout, en abordant ce sujet d'une aussi grande acuité. L¹on se rappelle que, lors de la conférence de Nabil Benabdallah à l'amphithéâtre de l'ENCG, deux jours auparavant, nombre d'adeptes du tamazight formulaient, ce jour-là, des propos sceptiques voire irréfléchis que le responsable gouvernemental avait réussi, tout de même, à rassurer par des faits concrets et sans démagogie. Ce vendredi encore, Ahmed Boukous, comme par enchantement, enchaîne et confirme les convictions de son prédécesseur en empruntant un verbe épris de maturité et de responsabilité. L'amazighité , dit-il, a enregistré des évolutions fort importantes à tous les compartiments, grâce à la volonté manifeste des décideurs dans toutes les institutions nationales et au militantisme des acteurs de la société civile, en particulier les associations amazighes. Dans ce sens, l'intervenant n'a pas manqué de rendre un vibrant hommage aux créateurs amazighs qui, dans des conditions très difficiles, parviennent à orner le champ culturel et artistique national de productions créatives au théâtre, au cinéma, à la télévision... Cependant, poursuit Ahmed Boukous, il ne suffit pas d'assurer des places appréciables dans les différents supports de la vie culturelle et créative au Maroc, encore faut-il s'atteler à des tâches beaucoup plus ardues en termes de qualification de la culture et de la langue amazighes. Si l'on n'accompagne pas cette composante nationale de l'identité marocaine, on la condamnera, sans doute, à l'extinction. Il appartient donc à tout le monde de trouver les outils pérennes et judicieux pour passer du stade de la reconnaissance de la langue et la culture amazighes à celui de sa mise à niveau en termes de fonctionnalité au quotidien, loin de toute «folkoralité» de vitrine. C'est, en fait, un travail de fond dont il est question, au niveau technique et pratique, en évitant au maximum de verser dans le nihilisme qui ne rime à rien. En fait, dire que rien n'a été fait au service de la langue et la culture amazighes, déclare le recteur de l'IRCAM, est une aberration car les efforts entrepris à ce propos ne souffrent d'aucune contestation. Dire, également, qu'on est au terme de l'ébauche est une avance qui manque d'objectivité. Dans le même contexte, Ahmed Boukous met l'accent sur la nécessité d'intégrer le processus de la promotion de la langue et la culture amazighes dans le sillage du développement social et économique des populations amazighophones, car il est inconcevable de vouloir hisser l'amazighité au niveau institutionnel en gardant une large frange des Marocains dans des conditions de vie déplorables, à la merci de la misère et l'exclusion. L'amazighité, précise l'orateur, est un tout indissociable qui devrait, s'inscrire organiquement dans le projet de société que prône notre pays, basé sur les principes de la démocratisation et la modernisation, conclut-il. Il faut dire, enfin, que l'Institut français d'Agadir vient de donner l'exemple d'une institution ouverte sur les réflexions diverses et s'érige en entité agissante et performante, au sein d'une communauté en pleine effervescente. Et c'est tout à l'honneur de cette équipe de l'IFA conduite par Anne Potié, la Directrice, et bien épaulée par Brahim El Mezned, responsable animation qui font preuve de beaucoup de dynamisme et de savoir faire. Bravo! Saoudi El Amalki