Un statut de grand favori plus que jamais confirmé: le Bayern Munich, en surclassant mercredi 8-2 le FC Barcelone de Lionel Messi en quart de finale de Ligue des champions, a délivré une nouvelle leçon de football, s'affirmant comme l'équipe à battre dans la compétition européenne. Trop fort, trop rapide, trop puissant. A l'image de l'inusable Thomas Müller, fer de lance du rouleau-compresseur bavarois avec un doublé (4e, 31e), le Bayern a encore une fois fait étalage de sa force de frappe inégalable depuis la reprise des compétitions. Après avoir dominé l'opposition en Allemagne avec un doublé coupe-championnat et balayé Chelsea au tour précédent (3-0; 4-1), le géant allemand a poursuivi contre Barcelone sa série d'invincibilité en Ligue des champions cette saison, pour un bilan de neuf victoires en neuf matches, 39 buts marqués contre 8 encaissés. Tout simplement monstrueux. Loin d'une « finale avant l'heure », ce classique contre le Barça a tourné à la démonstration à tous points de vue. Sans même que son serial-buteur Robert Lewandowski, auteur seulement d'une seule réalisation durant la rencontre, n'ait à forcer son talent! Une humiliation aux allures de revanche du dernier choc de 2015 (victoire 3-0; 2-3 du Barça, NDLR) qui risque de précipiter le limogeage de Quiqué Setien sur le banc catalan, au terme d'une saison catastrophique de bout en bout. Barcelone, Real Madrid, Atlético Madrid… C'est la première fois depuis 2007 qu'un club espagnol n'avait pas atteint les demi-finales de la C1. Et à chaque fois que le Bayern et le FC Barcelone se sont affrontés en phase éliminatoire d'une coupe d'Europe (une fois en Ligue Europa et trois fois en Ligue des champions), le vainqueur de ce duel a remporté ensuite la compétition. Présage heureux pour les Bavarois? Avec des entames de matches aussi supersoniques symbolisés par une ouverture du score dès la 4 e minute, le PSG, Leipzig, Manchester City et Lyon, derniers adversaires encore en lice, ont en tout cas de gros soucis à se faire. Sur un contre, Ivan Perisic trouve Müller à l'entrée de la surface, qui réussit un enchaînement de toute beauté: après avoir feinté la reprise de volée, le champion du monde allemand arrive à s'appuyer sur Lewandowski, pris en étau dans la surface, pour reprendre du gauche instantanément. Imparable! Mais coup de théâtre dans la foulée. Le Bayern a remis son adversaire dans le match quand Alaba, en voulant enlever le ballon promis à Luis Suarez, a vu son tacle défensif se transformer en but contre son camp (1-1, 7e). Après cette égalisation heureuse, Barcelone a pris confiance et Suarez, sans un Neuer des grands soirs, aurait pu donner l'avantage à son équipe dans la foulée (9e)… tout comme le centre-tir de Messi, qui a fini sur le poteau du portier allemand (10e)! Deux grosses occasions en trompe l'œil, toutefois, tant le Bayern a monopolisé le ballon et dominé les débats. Et à force d'accentuer la pression, les Bavarois ont fini par trouver la faille à la suite d'un ballon récupéré dans le camp adverse puis transformé par Perisic, d'un tir du gauche surpuissant que n'a pas pu dévié Ter Stegen (2-1, 21e). La leçon s'est poursuivie avec le 3e but signé Gnabry (3-1, 27e). Sur une action d'école, un jeu à trois en une touche, l'ailier allemand a alourdi la marque et fait planer la menace d'une déculottée. Craintes confirmées à peine cinq minutes plus tard par le doublé de Müller, plus agressif que Clément Lenglet pour couper le centre de Joshua Kimmich (4-1, 31e). De quoi plier l'affaire en une demi-heure de jeu, et infliger au Barça sa pire première période en match officiel depuis le 13 février 1994. Si Suarez a marqué le but de l'espoir au retour des vestiaires (4-2, 57e) sur un exploit individuel, Alphonso Davies a vite éteint les rêves de « remontada ». Après un incroyable numéro sur son côté gauche où il a enrhumé Nelson Semedo, le supersonique latéral s'est enfoncé dans la surface pour adresser un centre en retrait parfait pour Kimmich (5-2, 63e). L'ex-Barcelonais Philippe Coutinho, auteur d'un centre parfait pour Lewandowski (6-2, 82e) après son en entrée, a conclu le récital par un doublé express (7-2, 85e; 8-2, 89e). Enièmes actions de classe d'une partie à sens unique. Lyon s'offre Manchester City C'est Lyontastique! Après la Juventus, l'OL a réussi un nouvel exploit en Ligue des champions, en éliminant Manchester City (3-1), samedi à Lisbonne, pour affronter le Bayern Munich en demi-finale et poursuivre son épopée. Il y a quelques semaines, peu imaginaient voir le septième de Ligue 1 triompher du champion d'Italie puis du 2e de Premier League. Il y a quelques jours, ils étaient encore moins nombreux à imaginer deux clubs français dans le dernier carré de la C1, ce qui n'était jamais arrivé. Mais les quarts du « Final 8 » ont balayé les pronostics, et offert aux Lyonnais et au football français un été inespéré, après un printemps à se déchirer autour de l'interruption anticipée du Championnat en raison de la pandémie de coronavirus. Signe d'une soirée pas comme les autres, le club présidé par Jean-Michel Aulas s'est trouvé un héros inattendu, avec Moussa Dembélé. Remplaçant pour la deuxième fois de suite, l'attaquant, rentré à la 75e minute, a réussi un doublé en fin de match (79e, 87e) pour sceller l'exploit. Et dire qu'il n'avait jusque-là marqué aucun but en C1 cette saison. Maxwel Cornet avait plus tôt (24e) lancé la machine OL sur les rails. Mais là, c'était presque attendu, car l'Ivoirien a déjà épaté contre City, en marquant trois buts lors des deux confrontations en phase de poules en 2018. Sur un fil, après une saison difficile en Ligue 1 qui l'a éjecté de la Coupe d'Europe à la rentrée, Lyon s'accroche donc à son rêve, avec du coeur et un peu de réussite aussi. Une minute avant que Dembélé ne concrétise le 3-1, Raheem Sterling a raté l'immanquable, tout seul à un mètre de la cage. Une minute folle, qui symbolise l'allant d'une équipe qui ne regarde plus dans le rétroviseur et ses erreurs du passé. Il lui faudra encore un peu de réussite pour passer le prochain obstacle, le Bayern Munich, le grandissime favori pour le titre qui a pulvérisé le FC Barcelone (8-2) vendredi. OL-Bayern, c'est aussi l'affiche de la dernière demi-finale disputée par les Gones, en 2010. Lyon y a cru tellement fort, qu'il a réussi à battre le silence du huis clos. Entre les cris d'encouragement des remplaçants, et les vives protestations des joueurs à chaque action litigieuse, l'OL a rempli de son énergie le vide du stade José-Alvalade. Il fallait voir Rudi Garcia haranguer son banc et la délégation rhodanienne, pendant que l'arbitre vérifiait s'il y avait hors-jeu à l'origine de l'action ayant mené au but de Cornet – une bruyante leçon d'intox, qui tranchait avec l'attitude plus laborieuse de City. Dans un système différent de celui qui a mis en échec Real Madrid (2-1) lors du 8e retour, avec trois défenseurs centraux, pendant près d'une heure, les Mancuniens n'ont pas brillé. Les Lyonnais, agressifs, ont aussi perturbé leurs longues séquences de possession caractéristiques de jeu développé par Pep Guardiola. Quand Raheem Sterling ou Kevin de Bruyne se distinguaient, Fernando Marçal (3e), Anthony Lopes (31e, 39e, 43e, 73e, 77e) ou Marcelo ont repoussé le danger, rappelant la solidité du 3-5-2 qui a transformé Lyon en citadelle cet été. L'OL n'a craqué qu'une seule fois, après une combinaison entre Sterling et De Bruyne qui a permis au Belge d'égaliser (69e). La solidité du système lyonnais crédite aussi le travail de Garcia, dont le coaching a été gagnant, entre la titularisation de Karl Toko-Ekambi (qui a mené au premier but) et l'entrée en jeu de Dembélé. La force collective de l'OL a même permis de combler la performance moindre des cadres Memphis Depay ou Bruno Guimaraes. Pep Guardiola se méfiait du système du « Final 8 » sur match sec, où « tout peut arriver ». Il a eu raison. A deux succès du titre, Lyon y croit plus que jamais.