Hausse significative des cas de Covid-19 Ouardirhi Abdelaziz Avec 811 patients atteints du Sars-CoV-2 entre vendredi et samedi 25 juillet à 17 H, le Maroc enregistre un nombre record de la covid-19, pas besoin d'être épidémiologiste pour dire qu'il y a une progression incontestable de la maladie, particulièrement au niveau de la ville de Tanger. Explications. Au Maroc, les derniers chiffres présentés à la presse par le ministère de la santé, le samedi 25 juillet à 17h confirment une reprise de l'épidémie, avec 811 nouveaux cas positifs. En effet, les chiffres qui sont enregistrés depuis plus d'une semaine sont très parlants, cela signifie qu'il y a plusieurs foyers de contamination, et que le virus circule davantage depuis le début du mois de mars. Nous sommes donc face à une tendance à la hausse qui inquiété le département de la santé, en particulier au niveau de la région de Tanger – Tétouan – Al Houceima avec 455 nouveaux cas, qui se présentent comme suit : (427 à Tanger, 21 à Tétouan, 5 à M'diq, 1 à Al Hoceima, 1 à Larache). Cette tendance de hausse qui s'est encore accélérée cette semaine au niveau de la ville blanche du détroit, résulte de la multiplication des tests qui sont effectués autour des cas connus et répertoriés. Mais, c'est aussi et surtout à cause du non-respect des mesures barrières par certains citoyens, qui font montre d'une imprudence inadmissible et dangereuse face à la maladie, en ne portant pas de masques, en ne respectant pas la distanciation sociale. Dans ce contexte, il devient très urgent de prendre des décisions radicales face au rebond des contagions. Des peines pour les récalcitrants C'est ce que vient d'annoncer le ministère de l'intérieur , qui rappelle à toutes et à tous , dans un communiqué en date du 25 Juillet 2020 , que dans un souci constant et continu de préserver la santé et la sécurité des citoyennes et citoyens , et dans le but de mettre en œuvre l'ensemble des mesures de précaution et de prévention contre la covid-19, que le port du masque est obligatoire. Le masque doit être porté à tout moment sur la voie publique et dans les lieux clos même lorsque la distance de sécurité est respectée. Quiconque enfreint cette disposition est passible des peines prévues dans l'article 4 du décret-loi N°2.20.292, qui prévoit « une peine d'emprisonnement d'un à trois mois et une amende variant entre 300 et 1.300 dirhams. Il faut que tous nos concitoyens puissent comprendre que la lutte contre le nouveau coronavirus est un combat qui engage chaque citoyen, un combat individuel mais qui a des retombées collectives. La preuve en est la situation que connaît la ville de Tanger actuellement. Inadéquation entre demandes et offres des soins Face à la montée du nombre de cas, à la progression incontestable de la maladie, les autorités sanitaires de la ville de Tanger ne savent plus sur quel pied danser .La capacité litière des différentes structures hospitalières publiques de la ville ne dépasse pas 800 lits. Le flux des malades est constant, quotidien. Certains patients dont l'état de santé nécessite une prise en charge en réanimation doivent prendre leur mal en patience. La réanimation dédiée à la covid-19 qui a une capacité de 30 lits est pleine de malades : des personnes âgées avec plusieurs comorbidités. Il y a aussi des jeunes en détresse respiratoire. Les ressources humaines sont insuffisantes pour répondre à cette demande de soins. Les professionnels de santé qui sont en première ligne ne pourront pas tenir éternellement. Contacté par nos soins, un responsable du département de la santé à Tanger a reconnu que la situation est très inquiétante, qu'un malade qui n'a pas reçu son traitement est un malade de trop. Le secteur privé est pour l'instant absent et seule la polyclinique de la CNSS de Tanger apporte un soutien avec 10 lits de réanimation. Nécessité de redéployer les moyens Soulever une telle question en ce moment précis alors que nous assistons à une augmentation inquiétante des cas testés positifs à la covid-19 au niveau de la région de Tanger – Tétouan – Al Houceima , me semble amplement normal, car rien de concret n'a été entrepris avant cette pandémie pour corriger les inégalités existantes en termes de ressources humaines ou structures sanitaires . Il ne faut pas nous voiler la face et dire que tout va bien, que l'année est bonne. Nous sommes tous conscients qu'un très grand nombre de nos concitoyens rencontrent aujourd'hui de réelles difficultés pour accéder aux soins, que ce soit pour trouver un médecin généraliste, un spécialiste ou un professionnel de santé. Cette situation est quotidiennement vécue par les habitants des zones difficiles d'accès de cette région et parfois même en milieu urbain. C'est notamment le cas à Tanger et Tétouan, Larache. Aujourd'hui, au regard de ce qui se passe à Tanger, face aux flux de patients dont beaucoup ne sont pas pris correctement en charge, y a-t-il plus grande injustice que celle de ne pouvoir être soigné quand on est malade? Le département de la santé se doit de redéployer ses ressources humaines existantes au niveau des autres régions moins touchées par la covid-19. Il s'agit aussi de mettre à contribution les étudiants en médecine de 5e, 6e et 7e année des différentes facultés de médecine. Il faut aussi faire appel aux étudiantes et étudiants de 2e et 3e année des instituts spécialisées des professions infirmières et techniques sanitaires (ISPITS), et ceux des écoles privées qui pourront être utilisés en 2e ligne. Il y a également lieu de rappeler tous les anciens qui sont partis à la retraite et qui souhaitent participer à ce devoir national. On peut aussi adresser de nombreux malades qui nécessitent des soins lourds aux autres centres hospitaliers des régions moins touchées. Il faut mettre à disposition des wagons de trains et organiser comme il se doit ces transferts en faisant appel aux services de santé des forces armées royales. Il s'agit aussi d'utiliser rationnellement les moyens existants et d'améliorer la performance. En écrivant tout cela, nous ne cherchons pas a dépeindre un tableau sombre de la situation actuelle, il nous faut reconnaître que le secteur de la santé a réalisé comme on le voit depuis le début de cette épidémie, un parcours honorable, comme il a aussi réalisé des progrès certains depuis le début du mois de Mars 2020. C'est un fait, une réalité que personne ne peut aujourd'hui contester, les chiffres sont à ce sujet très parlant et fort édifiants. On ne peut que nous réjouir en constatant par exemple la gestion au niveau national de cette crise : le nombre de décès relativement bas comparativement à d'autres pays, la prise en charge totalement gratuite de tous les patients. Mais il s'agit aujourd'hui de rester vigilent, de savoir que le virus est toujours parmi nous et qu'il circule. Nous ne pourront vaincre cette épidémie que si chacun de nous assume pleinement ses responsabilités individuelles.