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Quels enjeux esthétiques et éthiques
Publié dans Albayane le 16 - 07 - 2020

«La première question dans le documentaire, c'est comment organiser le hasard».
Frederick Wiseman
Pendant le confinement, les images n'étaient pas confinées. Le commerce des images a fait florès et leur consommation n'a pas tari. On a assisté, en effet, à une forte offre en la matière émanant aussi bien d'institutions médiatiques que de personnes privées. Une captation iconique de ces moments inédits de la vie sociale a donné lieu, dans l'ensemble, à une mémoire visuelle qui mérite d'être revisitée.
Répertoriée, classée, éventuellement montée et plus tard offerte à l'analyse. Je cite comme exemple frappant, l'inflation de vidéos qui ont alimenté différentes plateformes et les médias dits sociaux. On se souvient des images des premières journées de l'état d'urgence sanitaire et les courses poursuites entre représentants de l'Etat et les récalcitrants.
Cela a donné lieu à un phénomène qui mérite à lui seul un arrêt sur images spécifique. Pour la première fois, des agents de l'autorité publique relevant d'un département, l'intérieur, censé être des plus fermés, ont sillonné des quartiers et des cités sous le regard d'une multitude de caméras, et accompagnés de reporters. Ainsi, nous avons eu, à notre échelle, une séquence de journalistes embedded; rappelez-vous cette catégorie de «journalistes embarqués» qui avait vu le jour lors de la guerre du Golfe quand des reporters étaient pratiquement pris en charge par les militaires dans les zones de combat.
Certains agents d'autorité ont aimé l'exercice et n'ont pas hésité à adopter des postures médiatiques, devenant des stars d'un jour aussi avant que des consignes ne viennent remettre de l'ordre dans la hiérarchie du star-système officiel. Pas star en dehors des circuits contrôlés.
Mais les images du confinement sont là. Et ne manquent pas d'interpeller d'autant plus qu'elles se réclament d'un genre noble, le documentaire. En plein effervescent du phénomène, j'avais proposé à des amis producteurs et/ou réalisateurs de « cueillir » cette immense récolte d'images pour en faire un usage cinématographique. J'avais à l'esprit, l'expérience du cinéaste syrien Oussama Mohamed qui avait réalisé un film à partir de «rushes» captés sur le net.
Le film, Eau argentée, Syrie autoportrait est un montage de documents visuels postés sur la toile. «Confiné» à Paris, pour cause de guerre, Oussama a eu le soutien d'une jeune vidéaste, Ouiam Simav, restée en Syrie et qui lui fourni l'essentiel des vidéos prises indifféremment par différents acteurs du conflit ou par de simples citoyens. Le film a eu le privilège de passer à Cannes, une sorte de consécration pour cinéphile pour un sous-genre tout à fait récent le web-documentaire.
L'expérience du confinement pour cause de pandémie va-t-il donner lieu chez nous à une telle expérience. La matière première existe en abondance. Il suffit de faire son shopping du côté du Youtube. La disponibilité des moyens en amont (pour enregistrer) comme en aval (pour diffuser), doublée de la simplicité d'utilisation fait exploser l'offre ; tout citoyen est un JRI (un journaliste reporter d'images) potentiel. Mais sans garantie sur le résultat aussi bien en termes de production de sens qu'en termes d'éthique de représentation.
Cela ne manque pas de poser des questions théoriques : c'est quoi le documentaire? Il est au-delà du reportage, en deçà de la fiction? Et des questions éthiques: faut-il tout montrer? Des précédents historiques; lors des attentats contre Charlie Hebdo un homme filma avec son Smartphone le policier abattu par les assaillants lors de leur fuite et diffusa aussitôt ces images; cela avait choqué. Il avoua plus tard qu'il n'avait pas mesuré les conséquences de son geste.
Le documentaire véritable, celui qui s'élabore dans le temps de la pensée construite, le respect de l'autre et la conscience d'être au monde.


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