Par Sofia El Aouni (MAP) Aux temps du coronavirus, l'activité cinématographique au Maroc a plongé dans une crise sans précédent, suscitée par un arrêt brusque de toutes les activités et une obsession d'actualité brûlante liée à cette pandémie. Le confinement a, quant à lui, mis la conscience humaine à rude épreuve. Une mélancolie a pris place, instaurant un sentiment méconnu qui invite à aspirer au temps des libertés. Les émotions procurées par le 7éme art ont dû s'adapter à ce bouleversement et franchir les portes des salles de cinéma pour se glisser à l'intérieur des maisons, forçant l'intimité à assouvir un besoin culturel et ainsi porter un regard plus libéré sur cette nouvelle réalité. Durant cette période, les télévisions et écrans de tous genres ont remplacé les salles obscures, alors que la fascination de l'image issue de cet art "total", a apaisé les esprits les plus irrités. C'est dans cette perspective que le Centre cinématographique marocain (CCM), a proposé à travers son site web, depuis l'entrée en vigueur de l'état d'urgence sanitaire au Royaume, une série de longs métrages marocains "qui se veut éclectique et multi-publics". Connaissant un "grand succès", cette programmation a été reconduite 3 fois, faisant suite aux mesures prises par le gouvernement pour lutter contre la pandémie du covid-19. L'initiative cinéphile du CCM a "permis aux amateurs du septième art, de voir et de revoir une cinquantaine de films marocains", avec « près de 600.000 chargements, dans 101 pays ». Suite à ce succès, le Centre a décidé de mettre en ligne "un nouveau programme à partir du 14 juillet 2020, avec plus de 30 courts métrages de fiction et une dizaine de longs métrages documentaires". La créativité artistique a resurgi de ses cendres, profitant de la révolution numérique pour reconquérir les esprits et accroître l'importance de la culture dans l'adoucissement de l'impact de cette crise et créer ainsi une échappatoire. C'est ainsi que l'Association des rencontres méditerranéennes du cinéma et des droits de l'Homme (ARMCDH) a décidé de se tourner vers le numérique, pour honorer son rendez-vous annuel et organiser la 9éme édition de la nuit blanche du cinéma, consacrée au droit à l'environnement. Programmée les 17 et 18 juillet prochain, cette édition "dématérialisée" se tiendra virtuellement et gratuitement sur la plateforme en ligne de l'ARMCDH, en partenariat avec la délégation de l'Union européenne au Maroc, la fondation Heinrich Böll, l'ambassade des Pays-Bas au Maroc et l'ONU Femmes. Pour la présidente de l'association, Fadoua Maroub l'objectif de la digitalisation de cette "Nuit blanche" est de tirer profit de cette transformation numérique, en reproduisant un environnement "déjà apprécié par le public", mais qui est toutefois assez "original" pour les surprendre et rendre cet "événement exceptionnel". Des films documentaires et de fictions, courts et longs métrages, seront projetés en plus de la présence d'une pléiade de réalisateurs/trices, expert/es et militant/es pour partager leurs expériences et débattre avec le public en ligne, a-t-elle précisé. La pandémie mondiale du coronavirus a éveillé une « sagesse » culturelle qui vise à percevoir cette nouvelle réalité comme une occasion pour reconsidérer la place de la culture en général et du cinéma en particulier, comme un élément vital pour l'épanouissement de l'être.