Après l'allégement des mesures de confinement Par Abdelatif Abilkassem (MAP) En raison de la pandémie de coronavirus, l'industrie de production cinématographique et télévisuelle nationale a été contrainte à un arrêt brusque de presque trois mois, impactant les ressources humaines qui opèrent dans ce secteur. Aujourd'hui, les sociétés de production commencent à reprendre leurs activités, quoique dans des conditions difficiles qui nécessitent un maximum de prudence. Si le Centre cinématographique marocain (CCM) vient d'annoncer la reprise du traitement et de la délivrance des autorisations de tournage au profit des sociétés de production cinématographique et audiovisuelle, suite à la décision des autorités publiques d'alléger les restrictions des mesures de confinement, cette reprise ne semble pas être chose facile puisque le tournage des scènes demande une interaction directe entre acteurs, et parfois même la présence d'une foule, ce qui va à l'encontre des mesures de prévention sanitaire dictées pour faire face à la propagation du virus. À cet effet, le CCM a publié un guide des lignes directrices de sécurité sanitaire dans les lieux de tournage, adaptées au contexte de la production cinématographique et audiovisuelle, qui exige une distance de 2 mètres minimum entre les acteurs et l'équipe de tournage, et la réduction des déplacements au strict minimum. Le guide prévoit aussi le report des scènes de foule le plus tard possible dans le planning du tournage, la réduction du nombre de comparses, et la nécessité, pour un membre de l'équipe ayant été en contact avec une personne contaminée, de subir un test de dépistage ou d'observer une quatorzaine. Dans sa présentation du guide, le CCM a admis que "certaines mesures peuvent paraître trop coûteuses ou trop contraignantes », mais elles peuvent « sauver des vies", notant qu'une contamination sur le plateau risque d'entraîner une mise en quarantaine de toute l'équipe, avec un arrêt du tournage certain. S'exprimant sur la reprise des tournages cinématographiques, compte tenu de ces mesures, le président de la Chambre nationale des producteurs de films (CNPF), Latif Lahlou a déclaré à la MAP que cette relance dans le cadre de l'allégement du confinement sanitaire ne sera « point facile ». La réalisation des films connaîtra, au moins dans un premier temps, "de grandes difficultés et des obstacles considérables en raison des mesures sanitaires imposées", d'autant plus que le CCM a approuvé ces mesures, selon M. Lahlou, "sans consultation aucune avec les organismes professionnels et ses représentants expérimentés". Et d'ajouter qu'il y aura des difficultés pour le tournage des scènes extérieures qui nécessitent une intervention de l'équipe technique et artistique ou une participation d'un grand nombre de figurants. Il serait encore plus délicat de se déplacer dans certaines régions et de maîtriser le temps du tournage des scènes compliquées, a-t-il prévenu. D'après le président de la CNPF, la pandémie de la Covid-19 a eu un rude impact sur l'ensemble du secteur, notamment les techniciens et les acteurs non-fonctionnaires, appelant à une étroite collaboration avec les instances officielles du secteur, le CCM en tête, en vue d'apporter des aides à ces catégories pour dépasser cette période difficile. Parmi ces catégories touchées par la pandémie, l'on compte aussi les propriétaires de salles de cinéma et leurs collaborateurs qui "continuent de souffrir dans l'absence d'un geste de la part des institutions nationales, responsables du secteur", a-t-il regretté. Pour les sociétés de production et de production exécutive, à l'exception de celles ayant connu un arrêt durant le tournage, M. Lahlou a indiqué que les pertes "n'étaient pas énormes". A cet égard, il a fait remarquer la différence entre les sociétés de production cinématographique nationales et les sociétés de production exécutive des films et séries étrangers tournés au Maroc, qui n'interviennent, en général, que dans les services et la location des équipements de tournage. Quant aux festivals de cinéma, les fondations et associations organisatrices n'injectent pas "d'importants investissements privés", mais travaillent essentiellement à la base d'aides perçues par les institutions de l'Etat. Lahlou a indiqué que la CNPF estime qu'il importe, pour l'accompagnement de la période post-Covid, de se focaliser sur la gestion démocratique et sage du secteur, "sur les plans administratif, juridique et éthique », appelant le CCM à adopter la bonne gouvernance et à ne pas exclure les instances et organisations professionnelles, étant donné que le secteur a connu une "récession" avant même l'apparition de la pandémie.