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Un secteur à l'agonie
Publié dans Albayane le 23 - 06 - 2020


Les Hammams en période de crise sanitaire
Karim Ben Amar
L'état d'urgence sanitaire est entré en vigueur au Maroc le vendredi 20 mars à 18h. Depuis, à l'instar de plus de la moitié de la planète, les Marocains sont appelés à rester confinés chez eux, seul moyen efficace pour endiguer la Covid-19. Aussi, le monde entier s'accorde à dire que l'activité économique est au ralenti, mais pour certains domaines, elle est tout simplement à l'arrêt : c'est le cas des très populaires bains maures ou Hammams. Ayant fermé le lundi 16 mars à 18h sur ordre des autorités compétentes, soit quatre jours avant l'état d'urgence sanitaire, cette activité est l'une des premières à avoir subi les aléas de la pandémie mondiale, avant d'être rejoint par de nombreux autres domaines commerciaux. Sans aucune rentrée d'argent depuis le début du confinement obligatoire, l'activité ne connaît pas des jours heureux, bien au contraire. À cet effet, l'équipe d'Al Bayane est entrée en contact avec des propriétaires et gérants de hammams et douches. Entre absence d'activité en temps de pandémie, moyens de subsistance, et dettes colossales accumulées, ces entrepreneurs nous disent tout.
Rien ne va plus du côté des gérants et propriétaires de hammams.
Quatre jours avant le début du confinement obligatoire, ce domaine d'activité est à l'arrêt. Patrons et employés n'ont d'autres choix que de prendre leur mal en patience, et espérer un retour à la vie normale au plus vite.
Ayant été contraint par les autorités de fermer boutique dès le 16 mars à 18h afin d'endiguer la propagation de la Covid-19, ils traversent aujourd'hui une crise sans précédent.
À cet effet, l'équipe d'Al Bayane s'est rendue à la rue Boulmane, située non loin du quartier Bourgogne. Yahya, le propriétaire du Hammam s'est livré sans détour. Après avoir déclaré que tous les employés ont pu rejoindre leurs villes d'origine, il a tenu à rappeler toutes les péripéties liées à l'arrêt de l'activité.
«Nous sommes à l'arrêt depuis plus de 3 mois maintenant. La situation commence à devenir insoutenable». Et d'ajouter, «un hammam à l'arrêt représente beaucoup de perte, et cela ne se limite pas qu'au manque à gagner. Il faut savoir qu'un hammam à l'arrêt, dont les machines sont éteintes, a tendance à dépérir».
Avant la reprise de l'activité, le propriétaire d'un hammam doit investir dans son entretien, car l'arrêt des machines provoquent de multiples dégâts. «Avant de rouvrir le hammam, il y a de nombreuses réparations à faire. La chaudière est à l'arrêt depuis beaucoup trop longtemps, pour la faire fonctionner de nouveau, il faut la réparer» a-t-il affirmé.
«A part la chaudière, il faut aussi réparer où même changer certaines vannes d'arrêt d'eau. Ces réparations s'élèvent tout de même à une somme considérable, d'autant plus que nous n'avons eu aucune rentrée d'argent depuis ce fameux lundi 16 mars», souligne Yahya, le propriétaire du hammam.
Les dettes des fournisseurs sont aussi à prendre en compte. «Mon fournisseur de bois me doit une somme avoisinant les 4000 Dhs. Il faut savoir que cette année, nous ne dégagerons aucun bénéficie de notre activité. On espère juste s'en sortir sans trop de dégâts. Si bénéficie il y a, ce sera à partir de 2021». Et de conclure «L'année 2020 est une année noire pour tous les commerçants et les entrepreneurs du Maroc mais aussi du monde».
Aussi, bien que l'activité économique soit à l'arrêt ou au meilleur des cas au ralenti, les factures s'accumulent encore et toujours. Chafiq, un gérant de Hammam situé dans le quartier Bourgogne, a affirmé à son tour que les factures s'empilaient depuis plus de trois mois. «Hormis les factures d'eau et d'électricité, les fournisseurs aussi réclament leur argent».
Tout comme Yahya, Chafiq souligne que cette année, «aucun bénéfice ne sera dégagé de l'activité. Aux meilleurs des cas, nous ne serons pas perdants. Quant aux bénéfices, nous n'y comptons pas trop, du moins pas pour cette année».
«Nous espérons que l'Etat nous apportera son apport, puisque nous sommes tout aussi sinistrés», a-t-il conclu.


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