L'état d'urgence sanitaire est entré en vigueur au Maroc le vendredi 20 mars à 18h. Depuis, à l'instar de plus de la moitié de la planète, les Marocains sont appelés à rester confinés chez eux, seul moyen efficace pour endiguer la Covid-19. Aussi, le monde entier s'accorde à dire que l'activité économique est au ralenti, mais pour certains domaines, elle est tout simplement à l'arrêt : c'est le cas des artisans coiffeurs. Premiers à fermer et certainement les derniers à rouvrir, les salons de coiffure passent par une crise sans précédent. Sans aucune rentrée d'argent depuis le début du confinement obligatoire, l'activité ne connaît pas des jours heureux, bien au contraire. À cet effet, l'équipe d'Al Bayane est entrée en contact avec des artisans coiffeurs. Entre absence d'activité en temps de pandémie, moyens de subsistances, et dettes colossales accumulées, ces professionnelles des métiers de la mode se livrent sans détour. Depuis le vendredi 20 mars à 18h, date d'application de l'état d'urgence sanitaire, les Marocains, à l'instar de plus de la moitié de la planète, sont appelés à respecter scrupuleusement le confinement obligatoire, seul moyen efficace pour endiguer la pandémie mondiale liée au nouveau coronavirus. Depuis le début du confinement, plusieurs domaines d'activité sont à l'arrêt. C'est le cas des artisans coiffeurs qui n'ont d'autres choix que de prendre leur mal en patience, et espérer des jours meilleurs. Ayant été contraints par les autorités de fermer leurs boutiques pour lutter contre la propagation de la Covid-19, ces professionnels des métiers de la mode pâtissent aujourd'hui d'une crise sans précédent. Déjà qu'en temps normal, le coiffeur ne roule pas sur l'or. Voilà qu'il est aujourd'hui acculé dos au mur. Entre factures et loyers impayés, besoins quotidiens, l'artisan ne sait plus où donner de la tête. Abdelilah, coiffeur avec plus de 26 ans de métier, a déclaré que «cette pandémie a causé beaucoup de pertes à de nombreux secteurs d'activité, à l'image des artisans coiffeurs». «La grande majorité des artisans coiffeurs n'ont pas fait rentrer 1 Dh depuis le 20 mars, début de l'état d'urgence sanitaire. Et d'ajouter «une fois le confinement levé, nous devrons faire face aux dettes colossales que nous avons accumulés durant tous ces mois d'inactivité. Loyer de la maison familiale et du magasin ainsi que les factures d'eau et d'électricité qui s'accumulent, sans parler des frais de scolarité des enfants», affirme-t-il. D'autres artisans coiffeurs n'eurent d'autres choix que de faire du porte à porte pour espérer trouver un client. «Certains confrères se sont trouvés dans l'obligation de s'aventurer dans la rue pour dégoter un éventuel client. Il faut savoir que le coiffeur vit au jour le jour, nous n'avons pas la possibilité d'avoir un petit pécule pour les imprévus, et combien même certains d'entre nous ont eu cette présence d'esprit, cela fait bientôt 3 mois que nous sommes à l'arrêt». «Faisant du porte-à-porte, avec leurs matériels de coiffure à la main, c'est toute la profession qui prend un coup dur. Il faut bien se le dire, la pandémie a eu raison du prestige de notre profession. Il était inimaginable pour moi de voir un confrère se brader de la sorte et s'exposer aux dangers de contamination, mais ils doivent bien nourrir leurs familles», s'exclame-t-il l'air désappointé. Avec plus de 26 ans de métier, Abdelilah s'indigne du fait que ces professionnels des métiers de la mode n'ont pas droit à la sécurité sociale (CNSS) et à la retraite. «Il est impératif que nous puissions aussi bénéficier de la sécurité social et de la retraite. J'ai travaillé toute ma vie mais lorsque je ne serai plus en état de travailler, qui subviendra à mes besoins? Que nous puissions bénéficier des avantages sociales est une question de vie ou de mort», conclut-il. Les salons de coiffure pour hommes ne sont pas les seuls à être touchés par cette crise. Fatima-Zohra, une coiffeuse pour femmes a déclaré elle aussi que «l'activité est à l'arrêt. Pour ma part, j'ai la chance d'avoir des clientes fidèles. J'en reçois une, tous les 2 ou 3 jours chez moi à la maison». En réponse à une question d'Al Bayane sur le danger que cela représente pour son intégrité physique ainsi que pour celle de sa famille, Fatima-Zohra réplique que «le propriétaire de mon salon de coiffure réclame son loyer de 2300 dhs par mois, sans parler des factures qui s'empilent depuis bientôt 3 mois». «Hors temps de pandémie, j'arrive à dégager près de 2000 dhs de bénéfice, depuis l'état d'urgence sanitaire et grâce à mes clientes fidèles, je limite les dégâts en payant au moins mes charges fixe», confie-t-elle. «Aussi, j'ai plusieurs crédits, notamment un crédit que j'avais pris l'an passé pour l'achat du matériel et de produits» a-t-elle ajouté. Concernant les indemnités versées aux personnes en arrêt de travail durant cette période de pandémie, la jeune femme assure n'avoir absolument rien reçu, bien qu'elle ait envoyé sa demande en bonne et due forme. Ce qui a d'ailleurs poussé à reprendre son activité bien que cela représente une violation de l'état d'urgence sanitaire.