Les soirées suaves du festival Timitar se sont poursuivies avant-hier jeudi, dans un climat populaire de forte convivialité entre le public et ses fans. A la place Al Amal qui avait été prise d'assaut dès les premières lueurs crépusculaires et après les prestations rythmiques et enflammées de la troupe Ahouach Demnate, imprimant à la grosse foule une ambiance de haute complicité originale, la fameuse troupe Oudaden fit irruption sur la scène lumineuse, sous les acclamations nourries de l'assistance qui ne demandait que cela. Il est vrai que, depuis plus de 25 ans, cet ensemble, toujours unis et solidaire, brille par ses airs singuliers où le verbe et la sonorité attisent les ferveurs dans les milieux traditionnels amazighs, de par l'authenticité des messages et la limpidité des rythmes. Oudaden, groupe mythique par excellence, puise, en effet, son inspiration et son énergie dans la musique amazighe antique. Passionné par ces racines ancestrales et son référentiel ineffaçable, le groupe remet constamment ses productions dans une vision vivante et novatrice qui accroche perpétuellement les publics enchanteurs, tout en restant fidèle aux empreintes identitaires. Le maillage des instruments de musique utilisés, savamment mariés traduisent, en fait, cette volonté de rebondir sur le renouveau, notamment l'introduction du Banjo, la guitare électrique et le Tam tam, aux côtés des sons typiques du Bendir et du Nakus. Les textes choisis avec raffinement renvoient thématiques de l'amour noble et universel, les conflits socio-économiques et les enjeux de la culture et la langue amazighes. Le répertoire de la troupe Oudaden excelle toujours par sa dimension humaine, son cachet profond et sa notoriété hautement appréciée. Il faut dire que, à la différence d'Izenzaren qui, eux, s'endorment sur leurs lauriers dans une léthargie déplorable que Timitar vient secouer pour l'édition d'un nouvel album, le groupe Oudaden, lui, s'ingénie à être continuellement présent avec ses nouvelles sorties artistiques et surtout son respect à la noblesse de l'art. Oudaden aura donc conquis, une fois de plus, ses fidèles fans à l'esplanade de Al Amal obnubilés par cette constance et ce dévouement de la troupe. Ensuite après, cette même foule avait rendez-vous avec Cheba Zahouania, de son vrai nom Halima Mazzi, chanteuse de père marocain et de mère algérienne qui se distingue pareillement aussi bien dans le registre traditionnel des cheikhates que dans le Raï moderne. Pour sa première apparition sur les planches d'Agadir, Zahouania a su déclencher la passion et l'extase au sein des flots humains. Avec gutturale et imbue de volupté, elle se hisse au plus haut de la marche des stars de la chanson Raï contemporaine. Il est à souligner que les deux sites réservés aux concerts à savoir le théâtre de verdure et la place Bijouane ont également connu des prestations artistiques de haute facture, en particulier le malgache Mami Bastah qui, avec ses airs joviaux, son timbre vocal particulier et son prix de lauréat des musiques de l'océan indien 2009, hausse son identité musicale, le trios réunionnais Kamlin, le marocain Mimoun Orahou, considéré comme l'un des meilleurs artistes du Moyen Atlas qui, sous la houlette du mythique maestro Mouha Achiban, fait étaler ses qualités de poète et compositeur, remportant plusieurs prix de reconnaissance au plan national.