Au lendemain de la crise pandémique qui frappe de plein fouet, la quasi-totalité de la planète, le Maroc se réveillera avec une autre crise non sans grave incidence sur le royaume. En effet, depuis déjà des lustres, l'eau, cette denrée vitale se raréfie, de plus en plus, compte tenu de la dégradation de la nappe phréatique, du recul des moyennes de la pluviométrie et de la constance des années de la sécheresse. Devant cette pénurie alarmante, le maintien des vies humaines, la subsistance de la végétation et du cheptel sont constamment en péril. Il va sans dire que, entre autres, la création des barrages collinaires afin de mobiliser les ressources hydriques, d'alimenter les stocks souterrains, préserver les populations des éventuelles inondations et assurer l'irrigation des superficies agricoles, sont d'une nécessite impérieuse. Ces démarches anticipatives s'avèrent, inévitablement nécessaires, dans la mesure où elles combleraient les carences accrues, au regard de la croissance démographique et l'essor industriel, à l'horizon de la mise en train des pôles halieutique et agroalimentaire dans le grand Agadir. D'autre part, il est question de l'opérationnalité imminente de la station de désalinisation des eaux de mer, destinée à assouvir les besoins des populations en l'eau potable à Agadir et réservée également à conserver des réserves d'eau à des fins agricoles. A cet égard, on déplorera le fait que le conseil régional consacre des subventions atteignant plus de 1,5 milliards de centimes aux différents festivals de la région, parmi lesquels Timitar se taille la part du lion, alors que les budgets dédiés aux projets de mobilisation des ressources hydriques ne dépassent pas 300 millions de centimes. Il est donc judicieux voire indispensable de prioriser désormais, la question de l'eau avant toute autre considération, d'autant plus que cette année, les festivals sont annulés sur l'ensemble du territoire national, quoique l'aspect culturel et festif dans la vie des citoyens tant dans l'urbain que le rural, soit aussi primordial, mais non prioritaire par rapport à la problématique de l'eau. Fondé sur une forte activité agricole et touristique, le bassin hydrologique de Souss Massa est soumis constamment à un stress hydrique dont la gravité se fait ressentir de plus en plus, ces dernières années, en plus de l'impact du dérèglement climatique. De plus de 2,7 millions d'habitants, cette région regroupe une dynamique développementale galopante nécessitant une abondance accrue de l'eau. De ce fait, il s'avère urgentissime de se pencher à combler la carence hydrique qui se profile périlleusement à l'horizon proche, afin de sécuriser la dotation en eau suffisante. A voir les statistiques hydrologiques relatives à la région Souss Massa, globalement en état d'aridité, les déficits de la pluviométrie sont de l'ordre allant jusqu'à -80٪ dans certains barrages approvisionnant les zones en réel danger, alors que le débit de remplissage ne dépasse pas souvent 25٪. Sachant que les deux barrages dont s'approvisionne le grand Agadir à savoir Abdelmoumen et My Abdallah sont quasiment desséchés. Ce qui incite à prendre dans l'immédiat, les mesures idoines pour sauvegarder une situation hydraulique dramatique. Il est donc absolument impératif de s'y atteler et en faire une mission nationale en direction d'une zone qu'on pourra appeler comme «zone sinistrée». Il se sera même agi d'une intervention militaire de l'Etat pour faire respecter les démarches restrictives en termes de distribution de cette denrée virale aux populations assoiffées, de la même façon qu'on a eu le mérite de le faire en ces temps de crise sanitaires où l'armée s'entremêlait au côté des civils afin de vaincre de concert, les effets de la Coronavirus. L'état d'urgence que le royaume a connu en ce temps épidémique devrait, en fait, avoir pour visée de relever ce grand défi national. La criticité de cette situation requiert, à priori, davantage de prudence et surtout de sens de civisme pour éviter le pire dans ce fléau qui guette sans relâche, toute la zone en ardue souffrance. En attendant donc, l'achèvement des travaux de la station de dessalement de Douira, plantée sur le territoire de la province de Chtouka Aït Baha, il est impératif de mettre fin à l'irrigation des aires vertes publiques et des édifices hôteliers, par l'eau douce, de pousser les régies concernées à remettre à niveau les réseaux de distribution d'eau en défectuosité, en vue de permettre un meilleur rendement à l'adresse des citoyens à court terme, de sensibiliser largement les usagers à se munir de rationalisation, de maximisation et d'économisation de la consommation de l'eau potable, de mettre en fonction des systèmes d'alerte de fuite d'eau en cas de défaillance du réseau de distribution... En plus, il importe de mettre en avant une large campagne de traitement des eaux usées pour recourir à la valorisation de ce mécanisme d'épuration systématique, de mettre un terme à la surexploitation abusive des nappes souterraines, avec la prise de sanctions draconiennes à l'encontre des contrevenants sans aune complaisance, en particulier parmi les gros bonnets d'export. Il va sans dire, enfin, que le désarroi stressant dont souffrent les populations ne fait que s'intensifier par les pénuries accablantes des précipitations raréfiées, dans ces zones déjà déshydratées. Il est bien évident que la région du Souss Massa regorge de productivités en agrumes et primeurs, destinées pour la plupart à l'export, grâce à l'insertion des mécanismes de haute sophistication. Mais, cette modernisation souhaitée, pour le reste, s'accomplit au détriment des réserves hydriques soumises à des surexploitations démesurées. Toutefois, cette situation, qui paraît préoccupante, n'est pas indéfiniment une fatalité. Elle nécessitera, sans doute, un volontarisme constant en vue de juguler cette entrave hydrique dans une région en mal de l'eau. Le projet à double fonction, d'eau potable et d'irrigation, de la station de dessalement de l'eau de mer dans la région agricole de Chtouka en est, en fait, une belle illustration.