Si la bataille commerciale lancée contre la Chine par Donald Trump pénalise lourdement le commerce international, force est de reconnaître qu'avec les critiques du président américain portant sur la gestion, par Pékin, de la pandémie du coronavirus et les menaces de ce dernier de couper «toute relation» avec l'empire du milieu, c'est le spectre d'une «nouvelle guerre froide» qui plane sur les relations internationales. Ainsi, au lieu d'apaiser les tensions entre les pays en leur permettant de conjuguer leurs efforts pour venir à bout du Covid-19, la crise sanitaire mondiale semble, au contraire, avoir donné un sérieux coup de pouce à la traditionnelle rivalité entre Washington et Pékin sur les plans idéologique, géopolitique, commercial et technologique. Ayant éprouvé d'insurmontables difficultés à endiguer la propagation sur le territoire des Etats-Unis du nouveau coronavirus qui a causé plus de 100.000 morts, Donald Trump a immédiatement imputé «cette tuerie de masse à l'échelle mondiale (à) l'incompétence de la Chine» qui aurait laissé s'échapper ce virus d'un laboratoire de Wuhan ; ce que Pékin dément formellement. Aussi, en fustigeant, ce dimanche, le «virus politique (américain) qui saisit toutes les occasions pour attaquer et diffamer» l'empire du milieu, le ministre chinois des Affaires étrangères a estimé que leurs deux pays sont «au bord d'une nouvelle guerre froide». Mais il n'y a pas que la pandémie du nouveau coronavirus et le nombre de morts que celui-ci a fait sur le territoire des Etats-Unis qui a donné l'occasion à l'affrontement traditionnel entre Pékin et Washington de redoubler d'intensité. Ainsi, des faits de politique intérieure ont également permis à la bataille communicationnelle entre les deux pays de faire rage en ce moment où, d'un côté, le président américain fait campagne pour sa réélection alors que, de l'autre, le régime communiste chinois entend démontrer la supériorité de son système. Or, cette supériorité s'est trouvée bien mise à mal par ce projet de loi sur la «sécurité nationale» à Hong Kong en vertu duquel Pékin entend réduire drastiquement les libertés dans l'ancienne colonie britannique soumise, depuis sa rétrocession à la Chine, au système «un pays, deux systèmes». Fortement dénoncée par Washington, l'adoption de cette loi donnera lieu à des représailles américaines qui viseraient à mettre fin au statut spécial dont bénéficiait la place financière de Hong Kong et qui lui permettaient d'échapper aux sanctions commerciales américaines. Craignant que l'affrontement entre Pékin et la Maison Blanche déborde et qu'il finisse par envenimer les relations internationales, Jean-Yves Le Drian, le chef de la diplomatie française a dénoncé, ce dimanche, devant la Commission des Affaires étrangères et de la Défense du Sénat, les tensions grandissantes entre Washington et Pékin et leur «logique d'affrontement bipolaire» qui rappelle l'antagonisme américano-soviétique de la deuxième moitié du siècle dernier. Aussi, le ministre français a-t-il exhorté l'Union Européenne à affirmer son «autonomie», à «dire non à la radicalisation des positionnements» et, enfin, à faire «valoir ses propres intérêts» afin de ne point «se faire instrumentaliser» dans le conflit qui oppose les deux pays. Les intérêts géostratégiques des pays de l'U.E. et les positionnements des uns et des autres qui en découleraient ne risquent-ils pas, à terme, de conduire à un éclatement de l'alliance européenne comme aux temps de la guerre froide ? Rien pour l'heure ne permet d'en douter notamment après le chacun-pour-soi qui a prévalu au début de cette crise sanitaire mondiale mais attendons pour voir…