Dans son allocution à l'ouverture de la première session annuelle virtuelle de l'Organisation Mondiale de la Santé Antonio Guterres, le Secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies a critiqué les pays ayant «ignoré les recommandations» formulées par l'instance onusienne et appelé au déploiement d'un «effort multilatéral énorme» face à la pandémie du nouveau coronavirus. En réponse, le président chinois Xi Jinping a assuré que l'éventuel vaccin que son pays est sur le point de «créer» sera un «bien public mondial» et signalé l'engagement de la Chine de consacrer deux milliards de dollars sur deux années à la lutte mondiale contre le Covid-19. Mais les engagements pris par Pékin, n'ont point calmé l'ardeur du chef de la diplomatie américaine qui a déclaré : «Au moment où le monde continue de lutter contre la pandémie du Covid-19, nous avons besoin d'institutions multilatérales qui respectent leurs missions statutaires et servent les intérêts de tous leurs Etats membres au lieu de faire de la politique politicienne tandis que des vies en en jeu». Pour rappel, après avoir bénéficié d'un statut d'observateur au sein de l'OMS, Taïwan en avait été exclue en 2016 sous la pression de Pékin. Or, en refusant toujours de reconnaître le principe de l'unité de l'île et de la Chine continentale au sein d'un même pays, la présidente taïwanaise Tsaï Ing-wen a profité de la tenue de cette session pour demander que Taïwan puisse récupérer son siège et son statut d'observateur. Aussi, la décision de reporter, à une date ultérieure, l'examen de cette demande alors même qu'elle est soutenue par les Etats-Unis et une quinzaine d'autres pays, a soulevé l'ire de Washington. Condamnant avec force cette «exclusion» en y voyant une flagrante «atteinte à la crédibilité» de l'agence onusienne, le chef de la diplomatie américaine a tenu à rappeler que «personne ne peut remettre en question le fait que Taïwan ait mis en place une des réponses les plus efficaces au monde pour endiguer la pandémie malgré sa proximité géographique avec le berceau du virus à Wuhan, en Chine». Voulant encore plus bousculer Pékin et dénoncer sa responsabilité dans la propagation du nouveau coronavirus, le secrétaire américain aux Affaires étrangères enfoncera davantage le clou lorsqu'il déclarera que «ce n'est pas une surprise (car) les démocraties transparentes, en pleine santé et innovantes, comme Taïwan, répondent toujours mieux et plus rapidement aux pandémies que ne le font les régimes autoritaires». Ainsi, pour Mike Pompeo, «les actes fielleux de la République populaire de Chine pour faire taire Taïwan démontrent à quel point ses affirmations en faveur de la transparence et de la coopération internationale contre la pandémie sonnent creux et rendent encore plus flagrante la différence entre la Chine et Taïwan». Après que le président américain ait suspendu la contribution financière de son pays à cette organisation qu'il accuse de s'être «plantée» en s'alignant, dès le début de la pandémie, sur les positions chinoises, le chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo, considérant que le directeur général de l'organisation « avait le pouvoir légal et disposait des précédents nécessaires» pour inviter Taïwan à l'assemblée annuelle a dénoncé avec force «l'échec» de cette Organisation face à la pandémie et son incapacité à procéder à une «évaluation» de la riposte internationale. Enfin, malgré les violentes critiques américaines à l'endroit de l'Organisation Mondiale de la Santé et de la Chine, les pays membres de l'organisation entendent adopter la résolution portée par l'Union européenne et réclamant «l'accès universel, rapide et équitable de tous les produits […] nécessaires à la riposte contre la pandémie». Réussiront-ils ? Attendons pour voir…