Aziz Bouslamti, président du GPPEM Propos recueillis par Kaoutar Khennach Au Maroc, le secteur de l'événementiel est l'un des premiers touchés par la crise du coronavirus. En effet, ce secteur a gravement souffert dès le déclanchement de la pandémie du Covid-19. Depuis fin février, l'ensemble des opérateurs de l'événementiel a dû faire face à une série d'annulations et des reports massifs. Cet arrêt brutal de l'activité a déjà causé 150 mille pertes d'emploi et de centaines de faillites. Face à cette situation dramatique, le Groupement Professionnel des Prestataires de l'Evénementiel au Maroc (GPPEM) a élaboré un plan de relance afin d'alerter les pouvoirs publics sur les conséquences économiques et sociales pour les acteurs de l'industrie de l'événement. Dans cet entretien, Aziz Bouslamti, président du GPPEM justifie le cri d'alarme du secteur et livre les contours du plan de sauvetage proposé. Les propos. Al Bayane : Comment le secteur de l'événementiel se comporte-t-il à l'ère du Covid-19? Aziz Bouslamti : Je le dis au nom du bureau du Groupement Professionnel des Prestataires de l'Evénementiel au Maroc (GPPEM). Le secteur de l'événementiel, ou plutôt l'Ecosystème de l'Industrie de l'Evénementiel, dit EIE, est à l'arrêt depuis début mars. Les professionnels de cette entité, patrons et employés, sont donc quasiment tous au chômage. Notre activité dépend étroitement de la possibilité de rassembler les gens, ce qui a été interdit depuis mars pour des raisons de sécurité sanitaire, et le GPPEM le comprend et le respecte. Donc, je peux vous dire que le Covid-19 à impacté directement et gravement notre activité. Quelle est la stratégie que vous avez adoptée en vue d'une gestion optimale de vos activités? Dès l'annonce de l'interdiction des rassemblements, le GPPEM, en sa qualité de porte-parole majeur du secteur et membre de la FCS de la CGEM, a pris contact avec ses membres afin de dresser un bilan de leur situation économique, et aussi de tenter d‘entrevoir les perspectives d'avenir. Nous avons demandé aux adhérents de maintenir les salaires le plus longtemps possible, mais aussi de payer dans les plus brefs délais les factures de leurs fournisseurs, particulièrement les plus vulnérables. Nous avons aussi lancé un appel aux différents donneurs d'ordre pour qu'ils n'annulent pas leurs événements, mais qu'ils les reportent plutôt. Qu'ils paient les prestations livrées avant mars et les frais engagés par les agences pour la préparation des événements qui ont été annulés. Ceci afin de permettre aux différents opérateurs de l'EIE de supporter l'impact de la crise. Nous avons ensuite mis en place un comité de veille de crise (CVC) qui suit de très près la situation. En étroite collaboration avec un expert en études sectorielles et en stratégies de développement, le CVC a élaboré un plan de relance, qu'il a livré au Chef du Gouvernement, à divers ministères et aux grands donneurs d'ordres publics. Nous avons demandé à ces administrations de prendre en considération le plan de relance du GPPEM pour l'EIE dans l'élaboration du plan de relance économique nationale. Pouvez-vous nous livrer des chiffres relatifs à la baisse d'activité du secteur de l'événementiel? Avant d'aboutir à notre plan de relance, nous avons établi les chiffres de l'évènementiel, représentant le moteur qui donne vie à toute l'activité de l'Ecosystème de l'Industrie de l'Evénementiel. Il est beaucoup plus important qu'il n'y paraît. 5000 entreprises/opérateurs composent cette industrie et emploient 90 mille salariés directement et 100 mille indirectement. Avec des retombées économiques de 63 milliards de dirhams, dont 38 en chiffre d'affaires direct (11.4 en devises), l'EIE représente 5% du PIB. Nous nous attendons à une baisse de 70% du chiffre d'affaires en 2020 par rapport à celui des années précédentes. Les pertes d'emplois ont été estimées à 150 mille et les faillites par centaines. La reprise post-crise est-elle évidente? Elle ne peut l'être. Comme pour le tourisme, notre activité dépend étroitement de la possibilité de faire voyager les gens et les rassembler. Les experts disent que ceci ne peut être envisageable avant la découverte d'un vaccin. Je vous laisse imaginer le temps nécessaire à ceci. Quels scénarios voyez-vous pour la reprise? Si nous devions nous référer à ce qui se passe ici et ailleurs, la perspective d'avenir n'est point optimiste. Néanmoins nous avons défini, dans notre plan de relance, une hypothèse décisive : le maintien de la commande publique. Elle est vitale pour l'EIE. Le plan de relance du GPPEM comporte également 5 leviers : Il s'agit de la commande publique, la communication et la promotion, le sanitaire, le fisc et le social et enfin le bancaire. Ils se basent sur des mesures qui devront nous éviter le pire et ainsi sauver les entreprises et les emplois qui font vivre des milliers de familles. La crise peut avoir une incidence limitée sur l'écosystème de l'industrie de l'événementiel, si le soutien du gouvernement en général, et celui du ministère du commerce et de l'industrie en particulier, sont réels et offerts le plus vite possible. D'un autre côté, l'organisation des événements peut être envisagée dans une forme digitale, avec une multitude de possibilités. Néanmoins, les événements «classiques» peuvent aussi être envisagés selon des conditions sanitaires strictes à établir en étroite collaboration avec les autorités compétentes. A propos du GPPEM Le Groupement professionnel des prestataires de l'événementiel au Maroc (GPPEM) est une association qui regroupe les sociétés et les auto-entrepreneurs qui composent l'écosystème de l'événementiel. Elle représente aujourd'hui le porte-parole majeur du secteur. Le GPPEM a pour objectif de défendre les intérêts des organisateurs et des fournisseurs de manifestations et conférences au Maroc adhérents de l'association, et le développement de leurs capacités professionnelles, et en général mener toutes les activités juridiques, économiques et financières directement ou indirectement liées au domaine d'activité de l'association et visant à atteindre ses objectifs et son développement. Le GPPEM regroupe les professionnels de l'événementiel de plusieurs villes du Royaume du Maroc : Agadir, Berkane, Casablanca, Fès, Laâynoue, Marrakech, Meknès, Mohammedia, Oujda, Rabat, Salé, Tanger, Tantan, Témara…