L'illustre dramaturge du XVIIe Siècle, Molière, disait un jour : «nul ne peut atteindre l'aube sans passer par le chemin de la nuit !». Cette litote qui pourrait paraître anodine, en dit long, dans l'état d'esprit qu'on vit à présent, avec cette pandémie sardonique. Une seule question qui s'empare de toutes les bouches, aujourd'hui, c'est bel et bien: «quand serait-on, enfin, sorti de la crise virale ?». Le même tracas hante les peuples de la planète, plus au moins, bien confinés, à longueur de journées. Chez nous, la lutte continue sur les tranchées de la première ligne, pour neutraliser un virus qui s'obstine à occire au quotidien des âmes de tous bords. Notre pays tient bon la barre afin de parvenir à bon port, aux larges des tempêtes sanitaires. A percevoir chaque jour, des milliers de patients qui succombent dans les hôpitaux, à travers de nombreux pays, on aura plutôt tendance à pousser des soupirs de soulagement, quoique leur sort ne fasse qu'attrister tout l'entourage. Il est bien vrai que, au fur et à mesure, le bout du tunnel d'entrevoit, tel une lueur salvatrice. Le nombre croissant des rémissions réchauffe les cœurs, en même temps que les décès qui, au fil du temps, s'effilochent, non sans réjouissance non plus. Il n'en demeure pas moins vrai que les mesures prises, jusqu'à présent ne cessent de prouver leur efficacité. Depuis déjà les tout premières apparitions de l'épidémie, on avait bien fait d'anticiper sur une multitude de démarches à entreprendre, au moment opportun, avec sagacité et discernement. En dépit de la cruauté des restrictions qui pleuvaient à hue et à dia sur l'ensemble du royaume, le peuple répondait à la lettre aux appels des pouvoirs publics, sans la moindre rébellion. A n'en pas douter, l'Etat par le biais de ses multiples autorités, inspire confiance, même si toutes ses décisions vont à l'encontre du gagne-pain quotidien, pour la majeure partie des franges sociales. Le rôle de l'Etat dans ce genre d'épreuves s'avèrera déterminant. Et puis surgissent, petit à petit, toutes les énergies créatives de la société, par le biais de tous ses jeunes qui produisent ces merveilles qui font admirer le monde. Le masque et le respirateur qui échappent peut-être, à la nomenclature industrielle du pays, s'érigent en outils d'excellence propres au génie marocain qui jalonne aujourd'hui, l'immense continent de la première puissance mondiale. Où était-il caché tout ce potentiel qui jaillit subitement dans les dédales de la société marocaine ? Il aurait fallu que la pandémie survienne pour s'en rendre compte, au moment crucial du combat contre la propagation du virus. Ces prodiges qu'on aurait bien dû aller dénicher dans les entrailles du Maroc profond, se seraient épanouis dans les divers segments de la vie active si on s'était correctement occupé, dès leur bas âge, de leur formation, de leur santé, de leur emploi, de leur matière grise. Ce gisement humain dont pullule le pays ne figurait que rarement dans les agendas du développent, puisque l'école publique et le soin médical sont relégués au second plan, au profit de la profusion des pratiques ignobles comme la déliquescence, la rente et le monopole illicite dont s'accapare une minorité de la nation. Aujourd'hui, on n'a plus le droit de décevoir tout un peuple, après l'avoir «écrasé» pour sortir indemne de la crise endémique. Il ne serait, sans doute, plus possible de faire subsister indéfiniment cette conduite tant sectaire qu'abjecte à l'égard de ce trésor intarissable dont regorge le pays. Certes, le Maroc est en passe de réussir cette phase de la crise épidémique, non sans dégâts aussi bien humains qu'économiques. Demain, il se réveillera avec une phase suivante encore plus déroutante. Il se relèvera avec une entreprise en mauvaise état, un commerce mal au point, un tourisme chaotique, une industrie endommagée, une économie désemparée et une population décontenancé. Tout semble à refaire pour se remettre en selle. Ce serait une bonne occasion de tout remettre en question, en termes de modèle de développement qui causait beaucoup trop de tort à un pays qu'on comptait parmi les plus émergents, à voir ses prouesses en matière des grands chantiers. Un autre modèle est en train de s'imposer au lendemain de la pandémie, fondé sur l'éclosion des jeunes qui frappent pressement aux portes de la transition, sur la mise en œuvre d'une nouvelle perception de la question politique et démocratique, sur la mise en place des assises de haute priorité, notamment l'éducation et la santé et sur la fortification des valeurs de la confiance, du civisme et de la solidarité, sciemment mises à contribution en ces moments de crise sanitaire…Par le biais de ces atouts dont la place de choix reviendrait au peuple, on mettrait fin au marasme de la disparité sociale et territoriale, au cynisme de l'hégémonie des nantis et au sarcasme de la dépravation puante. L'aube, sortie des ténèbres dont parla l'ingénieux créateur de la fameuse pièce du «bourgeois gentilhomme», ne serait plus qu'une question de temps!