Au moment où des initiatives innovantes foisonnent dans les quatre coins du monde pour contribuer aux efforts de lutte contre le coronavirus, l'architecte et inventeur marocain installé en Belgique, Alim Berkani, est venu avec une idée brillante consistant à confectionner des masques de protection réutilisables plus de 120 fois. Ce projet innovant peut être salvateur en ces temps de pandémie en remédiant à la pénurie criante en équipements de protection notamment en Europe, affirme M. Berkani dans un entretien à la MAP. "Ce masque peut être réutilisable pendant 4 mois, soit à peu près 120 jours, et cette durée peut augmenter si le maque est bien entretenu", explique cet architecte à la tête d'une société spécialisée dans la création numérique d'aménagement et de décoration d'intérieur, basée à Bruxelles. A la différence des autres masques composés d'une seule entité, ceux confectionnés par M. Berkani ont des aérateurs démontables qui peuvent accueillir des filtres interchangeables de type FFP2/FFP3 et être destinés aux professionnels de la santé. Selon l'inventeur marocain, ces maques permettent également d'insérer différents types de filtres en fonction du besoin. Pour M. Berkani, l'idée de départ était de développer un prototype avec des matériaux de récupération, composé d'une gaine abdominale élastique en néoprène (caoutchouc synthétique), ainsi que des tuyaux et des bouchons utilisés dans la plomberie pour faire des aérateurs. Ensuite, le polyéthylène a remplacé le néoprène et les aérateurs sont désormais fabriqués en plastique, explique-t-il, notant qu'il a recours dans le cadre de ce procédé à une imprimante 3D et une découpeuse laser. Selon l'inventeur, ces masques se démarquent par les avantages qu'ils présentent aussi bien sur le plan médical qu'écologique. "Le masque en lui-même est hermétique, il épouse bien les formes du visage et ne laisse pas passer l'air sur les côtés", précise-t-il, ajoutant que les considérations écologiques concernent notamment l'aspect réutilisable du masque dont les composantes sont facilement stérilisables vu qu'elles résistent à des températures élevées. Autre atout pour ce masque, c'est qu'il est peu coûteux, ajoute l'architecte marocain, qui relève que les frais de son confection sont estimés entre 10 à 15 euros par unité. Conquis par l'idée ingénieuse d'Alim Berkani, le Dr Philippe Hoang, considéré comme l'un des meilleurs spécialistes en chirurgie de la main et microchirurgie en Belgique, a rapidement contacté l'inventeur marocain pour pouvoir tester son masque. "Dr Hoang m'a contacté après avoir vu le prototype, il a été charmé par l'idée. il l'a trouvée intéressante à tous les niveaux", souligne M. Berkani. Après avoir essayé le masque lors de ses consultations, le chirurgien belge a complètement adhéré à son concept et affiché son soutien à ce projet innovant. Pour lui, il est indéniable que ce masque qui présente de nombreux avantages "peut sauver des vies" dans la guerre menée contre la pandémie du coronavirus. Afin de produire et de diffuser ce masque à grande échelle en Belgique, Alim Berkani doit d'abord avoir la certification des organismes compétents, mais les homologations sont longues à obtenir. "Faute de certification, on ne peut pas commencer la commercialisation des masques", a-t-il déploré, ajoutant qu'il attend toujours un appui des autorités belges pour augmenter la capacité de production de ses maques et généraliser leur diffusion. M. Berkani a, par ailleurs, fait part de son souhait de mettre ses masques à disposition du Maroc, affirmant qu'il a eu des contacts avec le ministère de l'Industrie, du Commerce, de l'Economie verte et numérique dans ce sens, même si la fermeture des frontières complique la donne. Comme Alim Berkani, les compétences nationales, au Maroc ou sous d'autres cieux, forcent l'admiration en ces temps difficiles, rivalisant d'initiatives innovantes et d'idées créatives pour contribuer, chacun à son niveau, à la réponse globale à la pandémie du coronavirus.