Ayant déjà été frappé, dans le passé, par la «dengue» et le «choléra», le Yémen, qui, à ce jour, n'a encore enregistré aucune infection au Covid-19 vit une crise humanitaire sans précédent du fait des combats qui opposent, depuis 2015, la coalition menée par l'Arabie Saoudite, en soutien au gouvernement yéménite, aux rebelles houtis. Cette guerre qui a déjà emporté des dizaines de milliers de yéménites – civils pour la plupart – a mis les deux tiers de la population du pays selon les estimations de l'ONU, soit près de 20 millions de personnes, au-devant de la nécessité d'une aide humanitaire d'urgence. Aussi, s'il venait à être touché par la pandémie du coronavirus, le Yémen, avec son système de santé exsangue et la grave pénurie d'eau qui l'affecte, sera confronté à une catastrophe humanitaire d'une très vaste ampleur. Etant donc soucieuse de protéger la population du pays le plus pauvre de la péninsule arabique de la pandémie du coronavirus qui a envahi la planète, l'Organisation des Nations-Unies n'a eu de cesse, ces derniers temps, d'appeler les protagonistes à une cessation immédiate des combats qui déchirent le Yémen. En réponse à cela, un responsable saoudien a annoncé ce mercredi que Riyad, qui dirige depuis 2015, la coalition militaire venue à la rescousse du gouvernement yéménite reconnu par la communauté internationale, décrète «un cessez-le-feu pour deux semaines» et appelle à la tenue, sous le parrainage de l'ONU, d'une rencontre avec les rebelles houtis soutenus par Téhéran. Le responsable saoudien a fait savoir, par ailleurs, que la trêve proposée par la «coalition» et devant prendre effet à compter du lendemain, jeudi à partir de 9 h GMT, pourrait être prolongée de manière à ouvrir la voie à une solution politique «plus large» et de parvenir à un cessez-le feu permanent. Pour rappel, à l'issue des pourparlers inter-yéménites qui avaient eu lieu en Suède en Décembre 2018, les deux parties avaient accepté un cessez-le-feu négocié dans la ville portuaire stratégique de Hodeida (sud-ouest). Qualifiant de «sage et responsable» la décision saoudienne intervenue après une escalade des combats au Yémen et appelant à sa «mise à profit, tant au niveau humanitaire que politique», Anwar Gargash, le ministre d'Etat aux Affaires étrangères des Emirats Arabes Unis qui ont retiré, l'année dernière, leurs troupes du Yémen, a émis le souhait de voir les Houtis «à la hauteur de la situation». Le diplomate émirati a estimé, par ailleurs, qu'étant donné que «la crise du Covid-19 éclipse tout, la communauté internationale devrait intensifier ses efforts et travailler pour protéger le peuple yéménite». Enfin, dans un document publié quelques heures avant l'annonce faite par Riyad, les Houtis ont appelé au retrait des troupes étrangères et à la fin du blocus des ports et de l'espace aérien du Yémen et exigé que la coalition prenne en charge le paiement des salaires des fonctionnaires pour la prochaine décennie et finance la reconstruction du pays. La crainte de la pandémie du Covid-19 va-t-elle mettre fin à ce violent conflit fratricide qui a fait vivre au Yémen la pire catastrophe humanitaire de son histoire? Attendons pour voir…