En ces temps de confinement, prenons, l'instant d'un week-end, pour nous détendre, relaxer, dérider. J'avoue que, depuis l'apparition du coronavirus chez nous, je suis tenté, des fois, d'épingler quelques commis de service qui n'apparaissent, eux, qu'en période de Ramadan. Les mauvaises langues diront qu'ils se la coulent douce. Et moi, loin de moi toute velléité méchante, je ne ferai, aujourd'hui, que quelques constats. Grand consommateur des dépêches de la MAP – car il faudra s'informer pour informer le public- je ne rate pas ces communiqués-dépêches qui prônent l'autosuffisance et caressent dans le sens du poil, avec, des fois, une approche nulle pour ne pas dire débile… Deux informations particulières et de grande importance ont attiré mon attention. Sur l'état des marchés, des prix des denrées de première nécessité et la répression des fraudes. A croire ces «infos», les familles marocaines n'ont pas à se plaindre. Ils ont tout ce qui leur faut aux prix habituels et les méchants fraudeurs, qui existent partout dans le monde (ce n'est pas une spécificité marocaine), sont punis comme il faut. Faisons lire nos lecteurs d'abord. Je m'excuse, encore, de la dénomination qui suit pour citer la source de l'info. C'est la fameuse «commission interministérielle chargée du suivi de l'approvisionnement, des prix et des opérations de contrôle des prix et de la qualité» qui relève du «Département des Affaires générales et de la gouvernance relevant du ministère de l'Economie, des finances et de la réforme de l'administration». Des dénominations si cools que la lourde charge qu'elles dont censées assurer. Je vous épargne du quand et où et passons directement à l'essentiel. Ainsi l'on apprend que « la situation de ravitaillement des marchés est normale et les prix de la majorité des produits sont stables » Sinon … que trend baissier! Ce n'est pas moi qui dit cela mais bel et bien un communiqué de ce fameux « département » à la dénomination si coute comme le pays en connaît très peu. Lisons un peu plus loin pour sauter l'éloge, tant mérité mais fait gratuitement au ministre de l'agriculture, des fruits et légumes, pour découvrir que leurs« prix ont poursuivi leur trend baissier »(sic). Et de préciser que «les prix ont diminué de 9% pour la tomate et l'oignon vert, de 6% pour la pomme de terre, de 4% pour la carotte, de 5% pour l'oignon sec et de 2% pour l'œuf». Ah, j'ai oublié que la conjoncture ne se prête pas aux haricots verts, petits poids et autres artichauts, menu de familles plus aisées que l'écrasante majorité des consommateurs. Ne parlons pas des fruits. Hélas pour nos informateurs, le panier de la ménagère, lui, sait que, depuis le coronavirus, l'anarchie des prix, confortablement installée dans le pays pour causes de parasites, revient à la charge, certes légèrement avec moins de force en temps de guerre que durant la paix. Mais les portefeuilles des démunis brûlent sous la flambée des prix et de tous les opportunismes et machiavélismes. Nous n'avons plus de tomates, d'oignons, de pomme de terre, de carotte à 5DH voire 6 DH selon… cela commence, à bas mot, à 6 DH pour monter vers 8 DH. Eh ben si mes buchettes calculent bien nous sommes à …entre 15 et 60% de hausses. J'avoue que je ne suis pas un matheux et que je pourrais me tremper de chiffres, même si je fus si studieux durant ma première jeunesse. Continuons dans le calcul mental A croire encore ces apprentis informateurs, un autre organisme au travail saisonnier (Ramadan, Fêtes religieuses) vient de faire lui aussi son apparition. Ce sont encore des «commissions mixtes provinciales et locales de contrôle», relevant de la même structure au nom si court, qui nous démontrent le travail ardu, entrepris à cette occasion. Ecoutons bien le résultat de leurs investigations : 1.057 infractions constatées du 1er mars au 08 avril 2020. Soit 39 jours de contrôles. Qui dit mieux? Et de faire le détail des infractions sur «45.000 points de vente en gros et au détail et des entrepôts de stockage». Soit 745 pour défaut d'affichage des prix, 186 pour non présentation de factures, 64 pour hausses illicites de prix réglementés, 44 pour non-respect des normes de qualité et d'hygiène, en plus de 18 autres infractions diverses». Quel beau travail ! Qui aurait pu croire qu'un tel boulot soit fait si vite… Simplifions ces chiffres pour saisir l'ampleur du labeur et des résultats obtenus. Divisons le tout par le nombre de jours (39) pour trouver la moyenne quotidienne des infractions (26) et des autres délits (cela va de 0, 5 à 20). Nos commis ont bien trimé pour nous dénicher ces contrevenants clandestins.. ! Qui dit encore mieux? Eh ben bravo, messieurs, y a pas d'approche genre dans ce cas précis… Quel beau pays respectueux, à tout bout de champ, des règlements en vigueur ! Un autre bel exemple de la spécificité marocaine. Qui s'en plaindrait, à part les esprits chagrinés ? Allez passez, laissez passez vos bobards. L'on reviendra, après le coronavirus, aux mêmes habitudes. Et dire que «Halima les a reprises»… Cordialement et sans rancune.