L'état d'urgence sanitaire a été proclamé au Maroc le vendredi 20 mars. Depuis, le confinement obligatoire est en vigueur dans tous les recoins du royaume. Se munir donc du «précieux» document de circulation lorsqu'on est de sortie, est impératif. Les barrages de police déployés partout dans le pays s'assurent à ce que cette désormais règle d'or soit dûment appliquée. Comment les forces de l'ordre gèrent-elles les défauts de présentation du document ? Qu'en est-il des récalcitrants ? Reportage. Mercredi 25 mars, aux alentours de 12H30, le boulevard casablancais de Zerktouni, d'habitude constamment bondé est quasi-désert. Entre l'intersection avec le boulevard Bourgogne et la route menant à la promenade maritime, une douzaine de voitures tout au plus circulent entre les deux voies. Un barrage de policier posté juste avant le boulevard de la Corniche inspecte systématiquement les véhicules dans les deux sens. Le document de circulation exceptionnel est alors réclamé par les fonctionnaires de police. La grande majorité des conducteurs, le plus souvent seule, présente le fameux document. L'agent vérifie alors l'adresse du conducteur. Si ce dernier est dans son périmètre, le policier lui souhaite bonne journée en veillant toujours à rappeler qu'il ne faut pas s'attarder à l'extérieur. Dans le cas contraire, s'il s'avère que le conducteur se trouve à l'opposé de son quartier (un jeune en l'occurrence), l'officier le sermonne en lui rappelant l'obligation de respecter les consignes de sécurité. Après la séance pédagogique de mise en garde, Il le somme de rentrer chez lui au plus vite, de ne plus s'éloigner de son périmètre et que l'heure n'est pas propice pour les balades en voitures, avançant qu'ainsi il préservera sa vie et celle des autres. Au cours de notre halte à ce poste de contrôle, une infime minorité ne disposait pas du précieux sésame: sur une cinquantaine de voitures, à peine 4 conducteurs n'avaient pas d'autorisation de circuler. Face au défaut de présentation de document de circulation exceptionnel, les forces de l'ordre adopte un autre ton. Le conducteur est alors blâmé pour son inconscience. Plus encore, les agents lui font comprendre que si cette pandémie mondiale s'est répondue dans le monde entier, c'est principalement à cause des individus ne respectant pas les conseils de sécurité sanitaire, seul moyen pour endiguer le nouveau coronavirus. Après la leçon bien méritée, le policier ordonne au conducteur de rebrousser chemin et de rentrer chez lui. N'ayant pas assisté à des cas d'individus récalcitrant à obéir aux ordres des forces de l'ordre, les équipes d'Al Bayane se sont par la suite rendues au commissariat du 10e arrondissement situé dans la rue Ain Taoujtat, où un officier de police nous a annoncé qu' «en temps d'état d'urgence sanitaire nous ne pouvant pas tolérer la désobéissance». «Si un individu n'étant même pas muni du document de circulation fait de la résistance et ne se plie pas à la demande de la police, qui est tout simplement de faire demi-tour et de rentrer chez lui, nous nous voyons dans l'obligation d'appliquer la loi» affirme-t-il. La procédure en vigueur : «l'immobiliser, faire appel à la dépanneuse pour transporter le véhicule à la fourrière, et enfin le conduire au commissariat puisque-il s'agit là d'un délit». «L'individu est alors présenté au procureur qui applique la loi. Cela peut aller d'une simple amende à une peine de prison ferme» conclut notre interlocuteur. Il est clair que sans une rigueur et une discipline cette pandémie risque de sévir encore plus. Si la police est parfois pointilleuse avec certains automobilistes ou passants, c'est tout d'abord pour le bien de ce dernier.