En réponse à l'assassinat, le 3 Janvier dernier, du général iranien Qassem Soleimani, Téhéran avait, dès le surlendemain, affirmé ne plus être concernée par les dispositions de l'accord de Vienne encadrant son programme balistique et nucléaire et notamment celles limitant le nombre de centrifugeuses utilisées pour la production de combustible nucléaire. Aussi, dans ce contexte de très fortes tensions entre Washington et Téhéran, les trois pays européens signataires dudit accord, à savoir, la France, le Royaume-Uni et l'Allemagne, estimant «essentiel que l'Iran revienne au plein respect de ses obligations» ont, dans un communiqué, en date de ce dimanche 12 Janvier, exhorté l'Iran «à annuler toutes les mesures incompatibles avec l'accord (et à) s'abstenir de toute nouvelle action violente ou de prolifération». Soucieux, par ailleurs, «de préserver la stabilité de la région» et d'oeuvrer «en faveur de la désescalade», ceux-ci ont signifié à la République islamique iranienne leur «profonde préoccupation» quant aux actions entreprises par cette dernière «en violation de ses obligations (…) y compris celles liées à ses programmes de missiles» mais manifesté, néanmoins, leur entière disposition à maintenir ouverte la porte du dialogue avec cette dernière. Par ce communiqué, Paris, Londres et Berlin ont donc officiellement opposé une fin de non-recevoir au souhait de la Maison Blanche de les voir quitter le JCPoA signé à Vienne en Juillet 2015 comme l'ont fait les Etats-Unis en 2018 et de «renforcer leur effort militaire au Moyen-Orient». S'étant engagé à «définir un cadre de long terme pour le programme nucléaire de l'Iran» mais ayant condamné le rôle «déstabilisateur» joué dans la région par la force «Al Qods des Gardiens de la Révolution» chargée des opérations extérieures de l'Iran tel que l'ont montré les «évènements récents», les capitales précitées ont menacé de rétablir les sanctions si l'Iran ne respecte pas ses engagements mais pris bonne note de l'annonce par laquelle l'Iran reconnait avoir abattu mercredi dernier par erreur l'avion ukrainien UIA PS752 et provoqué la mort de ses 176 passagers et hommes d'équipage. Une nouveauté, toutefois, du côté de Washington et non des moindres ; Donald Trump a déclaré, ce dimanche, qu'il était prêt à discuter avec l'Iran «sans condition préalable». Ces propos ont été confirmés sur la chaîne CBS par Mark Esper, le ministre américain de la Défense et chef du Pentagone, selon lequel les Etats-Unis sont prêts à évoquer «une nouvelle voie (et) une série de mesures qui feraient de l'Iran un pays plus normal». Le même jour, l'émir du Qatar Cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani et le président iranien Hassan Rohani ont convenus, après leur rencontre à Téhéran, «que la seule solution à la crise passe par la désescalade et le dialogue» alors qu'au cours d'une entrevue ayant eu lieu le même jour avec le président iranien, le ministre pakistanais des Affaires étrangères Shah Mehmood Qureshi a fait part du souhait de son pays de rapprocher l'Iran et l'Arabie Saoudite. Accueillant positivement l'initiative pakistanaise, le guide suprême iranien l'Ayatollah Ali Khamenei a déclaré que la situation demande «plus que jamais un renforcement des relations entre Etats». Est-ce à dire qu'après avoir été au bord de la déflagration, la région va, enfin, connaître une réelle désescalade et le calme après la tempête ? Attendons pour voir…