Entre une Allemagne de plus en plus affaiblie politiquement et une Grande-Bretagne empêtrée dans le lourd dossier du Brexit, c'est la France qui, en sa qualité de troisième pays européen signataire du JCPoA, resterait, selon Ali Fathollah Nejad, spécialiste de l'Iran au sein du Brooklings Doha center, «la plus apte à sauver» l'accord de Vienne sur le nucléaire iranien après le retrait américain et ce, du fait notamment des bons rapports qu'elle entretient aussi bien avec Washington qu'avec Téhéran. C'est à ce titre, d'ailleurs, que ce samedi les présidents français et iranien ont eu un assez long entretien téléphonique. Au cours de cette discussion, Hassan Rohani, qui reproche aux européens le fait de n'avoir pas pris de «mesures concrètes» pour maintenir leurs échanges économiques avec l'Iran, a déclaré que si ces derniers ne parviennent pas à mettre en œuvre leurs engagements, l'Iran ne sera plus tenu de respecter les siens. Mais, en annonçant, toutefois, que cette décision ne sera pas « irréversible », le président iranien a jeté la balle dans le camp européen. Aussi, ce lundi, une forte délégation iranienne conduite par Abbas Araghchi, le vice-ministre des Affaires étrangères et comprenant de hauts responsables de la banque centrale et des ministères en charge des affaires économiques, est arrivée à Paris afin d'étudier les moyens de suppléer aux effets des «sanctions américaines». Mais si, dans un communiqué du porte-parole du gouvernement iranien, il est dit qu'à la suite de la communication téléphonique de ce samedi, «les points de vue de la France et de l'Iran sur le programme nucléaire de Téhéran se sont rapprochés sur beaucoup de sujets», rien n'indique, cependant, qu'une rencontre entre les présidents américain et iranien aurait été évoquée au cours de cet entretien alors que nul n'ignore que chacun des deux chefs d'Etat pose comme condition préalable que l'autre fasse les premières concessions. Pour rappel, les sanctions initialement imposées à la République islamique iranienne à cause de son programme nucléaire mais qui avaient été levées après la signature en Juillet 2015 à Vienne entre l'Iran, les cinq membres permanents du Conseil de Sécurité des Nations-Unies et l'Allemagne, d'un accord encadrant les activités nucléaires et balistiques de Téhéran, avaient été «réactivées» en Mai 2018 après le retrait américain et ce, notamment par la suppression des exemptions dont bénéficiaient les huit principaux acheteurs de pétrole iranien dont principalement la Chine, l'Inde et le Japon. Aussi, en jouant, dans ce dossier, le rôle du parfait équilibriste, Emmanuel Macron qui négocie l'octroi d'une ligne de crédit de 15 milliards de dollars à Téhéran souligne «l'importance de la dynamique en cours pour créer les conditions d'une désescalade par le dialogue». Convaincu, par ailleurs, qu'après les discussions du G7, le président Rohani est toujours prêt à négocier, le président Macron entend, d'une part, pousser l'Iran à respecter les engagements pris dans le cadre de l'accord de Vienne et, d'autre part, inciter Washington à ne point «interdire» à Téhéran de continuer à exporter la quantité de pétrole initialement convenue. Le président français va-t-il réussir à mener à bien cette mission que nombre d'observateurs jugent aussi périlleuse qu'impossible ? Rien n'interdit d'y croire mais attendons pour voir…