Agadir se prépare à flamboyer dans ses nuits de noce. Le tapis rouge aux milles reflets vermeils s'apprête à se dérouler sur le sol bénit de la mémorable bâtisse de Rialto, dépoussiérée, de fond en comble, en vue d'accueillir, dans l'allégresse conviviale, ses convives de tous bords. Cette somptueuse arène du septième art résiste, sans répit, à l'usure du temps, grâce à cette tradition mythique que des combattants inusables de l'association Initiative Culturelle est en passe d'ancrer par la tenue ininterrompue de ce festival thématique de la capitale du Souss. La fameuse citation Galiléenne, «Et pourtant, elle tourne !», au moment de la descente de son auteur, semble inspirer les initiateurs pour faire perpétuer le plaisir du cinéma, en dépit des entraves logistiques. Une belle manière de défier les embûches matérielles, en s'écriant : «Et pourtant, la bobine tourne!», malgré le décès forcé des salles de cinéma, dans l'une des premières baies du monde. «Quand on n'aime pas la vie, on va au cinéma !», déplorait, en paradoxe, le célèbre cinéaste tricolore, François Truffaut à un journaliste de l'Hexagone. C'est, en fait, ce qui transcende fortement les organisateurs pour éterniser cette noble cause artistique. Le festival Cinéma et Migrations souffle sa seizième chandelle dans moins d'un mois, au grand bonheur de ses fans. La messe cinématographique de rêve, tant attendue, fera vibrer la ville au rythme de la magie de l'image et du son, du 09 au 14 décembre prochain, en présence des centaines de mordus de l'art et du public ensorcelé par les féeries de la circonstance. Cette manche se veut plus consistance que ses précédentes, en termes de prestances inédites et diversifiées, mettant tous les intervenants en effervescence accrue et créant une atmosphère ardente de liesse et de volupté. De divers professionnels, académiciens, créateurs, critiques d'art et public se côtoieront, durant presque une semaine, par le biais d'une panoplie de scènes, de workshps, de masterclass, de projections, de tables rondes et d'autres activités. «D'édition en édition, nous plaçons la barre un peu plus haut et cette année pour la seizième édition de notre festival. Nous avons mis en place une programmation richement agrémentée pour permettre au grand public présent à Agadir, aux habitants des régions avoisinantes, aux étudiants, aux pépites du cinéma, aux personnes aux besoins spécifiques…, de bénéficier des multiples activités et initiatives développées à leur attention par le festival», disait le président de l'association l'Initiative Culturelle d'Agadir. De son côté, Aziz Omari, le directeur du festival, tient à confirmer : «Le festival est devenu une tradition incontournable du cinéma thématique au Maroc. Il gagne, de plus en plus, en maturité et en professionnalisme. Il constitue aujourd'hui la destination la plus huppée et prisée en la matière, de par l'originalité des prestations, la qualité des débats qui s'y opèrent et l'attractivité dont il jouit au fil du temps. Cette année encore, il excelle par la participation de nouvelles figures du cinéma africain et mondial, en plus, bien entendu, de l'élite marocaine du domaine.Cette année, dix longs-métrages et quinze courts-métrages seront en lice pour les deux compétitions officielles du Festival. On saluera au passage, nos partenaires aussi bien institutionnels qu'opérateurs de multiples unités de production pour leur soutien inconditionnel. Le réalisateur et ancien ministre malien de la culture, Cheick Oumar Sissoko, présidera le jury des longs-métrages avec à ses côtés l'actrice tunisienne Fatma ben Saïdane, le réalisateur marocain Ismaël Ferroukhi, le réalisateur français Manuel Sanchez et la réalisatrice italienne Annamaria Gallone. Le jury des courts-métrages sera présidé pour sa part par le réalisateur, producteur et scénariste marocain Abdeslam Kelai, avec à ses côtés l'actrice marocaine, Saâdia Ladib, le réalisateur et scénariste néerlando-algérien Karim Traidia, le réalisateur et scénariste marocain Mohamed El Khomais et l'actrice et auteure libanaise Darine Al Joundi. Quant au pays invité d'honneur, le choix des organisateurs est porté cette année sur la Belgique, le pays avec lequel le Maroc entretient des relations étroites et dont le paysage cinéma est incessamment enrichi par les contributions de talentueux réalisateurs, acteurs, scénaristes et producteurs d'origine marocaine. Le Royaume au répertoire du cinéma riche et singulier sera représenté à Agadir par une importante délégation conduite par le belgo-maroc Nabil Ben Yadir. Côté hommages, cette édition 2019 fêtera, en grande pompe, la « rose » du cinéma marocain, Asmaa Khamlichi, et au talentueux acteur franco-marocain, Karim Saidi. Organisé en partenariat avec la région Souss-Massa, la wilaya du Souss-Massa, le conseil préfectoral d'Agadir Ida-Outanane, le Centre cinématographique marocain et le ministère délégué auprès du ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l'Etranger, chargée des Marocains résidant à l'Etranger, le Festival cinéma et migration est initié par l'association l'Initiative culturelle, créée en 2004 et qui s'assigne comme objectif principal de promouvoir Agadir et la région Souss-Massa à travers l'art et la culture. Pour sa part, Asmaa Khamlichi à laquelle cette édition du festival accordera un vibrant hommage, nous a confié les propos suivants : «Vous savez, le festival et moi, on a grandi ensemble, car j'étais toujours parmi les invités, depuis le début de cette belle aventure. Il faut dire que ce grand événement s'est constamment distingué par sa sincérité, son humilité et surtout par son énergie qui résiste aux contraintes. Je crois que quand les bonnes intentions sont là, accompagnées d'un travail assidu, on ne peut qu'avoir de telles réussites, à travers l'histoire. Le festival d'Agadir incarne, pour moi, un beau berceau de plaisir partagé et d'échange instructif. Des regards croisés sur l'art et la culture ont permis aux uns et aux autres de nous mieux connaître et de nous faire des perceptions beaucoup intenses sur l'humanité et l'universalité. Le thème de la migration au cinéma est une idée géniale dans ce sens. Ce qui a donné, sans doute, au festival son propre cachet et son identité singulière. Le style et le choix dont il s'identifie est parfaitement ancré dans la terre soussie tel l'arganier, arbre mythique de la région qu'on ne trouve nulle part ailleurs». Quant à Karim Saidi, autre artiste auquel le festival lui réserve une reconnaissance en public, il nous livre les impressions suivantes : «Je suis ravi d'être parmi les hommes et femmes du cinéma mondial. D'autant plus que les organisateurs vont m'honorer, lors de cette édition. Ce festival dédié au phénomène des migrations est pour moi, un pont ou une plateforme sur laquelle sont débattus, à travers l'art du cinéma, les questions de la Méditerranée. C'est aussi un événement qui fait germer des liens de rapprochement, d'interaction et de tolérance entre les générations. Le cinéma est donc le meilleur moyen d'aller au fond de nous-mêmes et de trouver la paix et la quiétude aussi bien en interne qu'en externe».